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L'un, Stefanos Tsitsipas, recherche le Nirvana quand l'autre, Nick Kyrgios, se débat dans les affres du purgatoire habité par le Bunyip, créature de la mythologie aborigène, mais tous deux ont un talent hors du commun qui promet un choc électrique samedi au 3e tour de Wimbledon.
"J'aime la discipline, j'ai une certaine dextérité et je suis fort mentalement", énonce le play-boy grec, stoïque champion, 5e mondial.
"J'ai beaucoup de confiance en moi. Avec toutes les difficultés que j'ai rencontrées dans ma vie, je suis fier d'être tout là-haut et de le faire à ma façon", clame le bad boy australien, bouillant surdoué, 40e mondial, qui n'aime rien tant que quand les matchs tournent au combat de rue, avec une ambiance d'arène, du spectacle voire des comportements limites.
"Je le respecte beaucoup sur le court. Même s'il a eu des attitudes controversées, il joue bien", reconnaît Tsitsipas.
Au premier tour, dans un match très serré en cinq sets contre le Britannique Paul Jubb (219e et invité), Kyrgios s'en était pris à un juge de ligne trop âgé, donc aux facultés visuelles insuffisantes selon lui, et à des spectateurs "irrespectueux", jusqu'à cracher en direction de l'un d'eux, un geste qui a provoqué l'ouverture d'une enquête.
- Des choses à prouver -
"Je me moque complètement de cette enquête. Je sais ce que j'apporte à ce sport. Je suis l'un des principaux personnages de ce sport", assène Kyrgios.
Mais au deuxième tour, l'Australien tatoué, notamment son bras droit quasiment entièrement recouvert comme s'il avait une manche longue, a maîtrisé ses instincts pour livrer un match sérieux qui lui a permis de balayer Filip Krajinovic (31e) 6-2, 6-3, 6-1.
"J'ai voulu prouver à tout le monde que j'étais vraiment bon", a-t-il expliqué.
Mais maintenir ce niveau de sérieux et de concentration "est difficile", reconnaît Kyrgios. "Il y a un équilibre à trouver: j'aime quand je joue à ce niveau, mais parfois, c'est difficile parce que j'ai aussi envie de faire le show", relève-t-il.
Les deux joueurs se sont affrontés récemment, sur le gazon de Halle où l'Australien s'était imposé au 2e tour avant d'échouer en demies. Mais la semaine suivante, il avait déclaré forfait avant son 2e tour à Majorque où le Grec a remporté son premier tournoi sur gazon.
Double vainqueur du Masters 1000 de Monte-Carlo, finaliste à Roland-Garros en 2021 et trois fois demi-finaliste à l'Open d'Australie, Tsitsipas ne parvenait pas jusque à présent à adapter son jeu pourtant complet, au gazon. A Wimbledon, il n'avait par exemple dépassé qu'une seule fois le premier tour, en 2018 quand il avait atteint les 8es de finale.
- "Deux stars" -
"Mon jeu sur gazon a évolué en un an. Il s'y adapte parfaitement. Maintenant, je m'y sens comme à la maison", a-t-il souligné après son solide deuxième tour contre l'Australien Jordan Thompson (76e) remporté 6-2, 6-3, 7-5 en 2h04.
Moins académique et tout en inspiration, capable des coups les plus géniaux comme les plus farfelus grâce à un touché exceptionnel, Kyrgios a un palmarès beaucoup moins flatteur que Tsitsipas, notamment parce que l'Australien n'aime pas la terre battue, et qu'il ne joue simplement plus -ou quasiment plus- les tournois sur cette surface. Il n'a ainsi plus joué à Roland-Garros depuis son échec au 2e tour en 2017.
Et c'est à Wimbledon qu'il est allé le plus loin en Grand Chelem, avec un quart de finale en 2014.
Comme il a l'air motivé cette année, Tsitsipas, qui a perdu trois de leurs quatre duels (sa seule victoire a été acquise en Laver Cup l'an dernier), s'en méfie.
"Nick a joué plus de matchs que moi sur ces courts (du All England Lawn Tennis Club). Il dit qu'il aime jouer sur gazon et je pense que son jeu convient au gazon", souligne le Grec tout en se disant "ravi" de ce prochain duel.
Idem pour Kyrgios: "nous sommes deux des plus grandes stars de notre sport. J'espère que nous jouerons tous les deux à notre meilleur niveau et ça devrait être un match incroyable à regarder".