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Sauf cataclysme, Tadej Pogacar va gagner dimanche à Nice son troisième Tour de France, un sacre au goût de revanche face à son grand rival Jonas Vingegaard à l'issue d'une course dominée de bout en bout.
La Grande Boucle arrive pour la première fois de son histoire plus que centenaire hors de Paris ou ses environs, en raison de la proximité des Jeux olympiques dans la capitale. Et l'épilogue est à la hauteur, sous forme d'un contre-la-montre entre Monaco et Nice, 35 ans après l'épique Lemond-Fignon sur les Champs-Élysées, qui, à défaut de suspense pour le maillot jaune, promet d'être un temps fort sportif et esthétique.
Le premier coureur s'élancera à 14h40 sur un tracé magnifique, surplombant la Méditerranée, mais exigeant de 33,7 km avec une longue ascension assez roulante vers la Turbie et celle très raide du col d'Èze. Le maillot jaune partira en dernier à 18h45 pour environ 45 minutes d'effort, le dernier d'un parcours de 3.600 kilomètres depuis le départ de Florence il y a trois semaines.
Vu l'avance qu'il possède au classement général, Pogacar, qui précède Vingegaard de 5:14 et le Belge Remco Evenepoel de 8:04, il faudrait un accident pour que le Slovène laisse échapper le morceau.
"Profiter du public"
"Je vais surtout essayer d'arriver sain et sauf à Nice, car le parcours est assez dangereux. Je pense que je vais pouvoir profiter un peu plus du public", dit le Slovène qui connaît chaque centimètre de ces routes pour habiter à Monaco et les emprunter très régulièrement.
Vu la forme qu'il affiche depuis le début du Tour, et même de la saison, il est le favori de ce chrono avec Remco Evenepoel qui l'avait devancé de douze secondes dans le premier contre-la-montre dans les vignobles de Bourgogne sur un tracé plus plat. S'il s'impose, il finira cette 111e édition avec la bagatelle de six victoires d'étape, pas loin des razzias d'Eddy Merckx (8 en 1970 et 1974) et de Bernard Hinault (7 en 1979).
"Je me serais contenté d'une victoire. Avoir le maillot jaune, même sans gagner d'étape, aurait suffi à mon bonheur. Alors en avoir déjà cinq dans la poche, c'est plus que j'aurais pu rêver", souligne-t-il.
L'ultra domination du nouveau cannibale slovène, qui a éveillé des soupçons inévitables dans un sport longtemps entaché par le dopage, rappelle celle des grands fauves du passé.
À 25 ans, ce coureur tous terrains, aussi à l'aise dans les Flandriennes que dans les cols des Alpes, présente déjà un palmarès édifiant et fait même mieux parfois qu'Eddy Merckx, le plus grand de tous les temps.
"Il bosse énormément"
Samedi, il a endossé le 38e maillot de leader dans un grand Tour cette année, en comptant ses vingt jours en rose sur le Giro. Un nouveau record pour le Slovène qui devance désormais Merckx (37 en 1970) et Chris Froome (34 en 2017).
Il est à 33 kilomètres de devenir le premier coureur depuis Marco Pantani en 1998 à gagner la même année le Tour d'Italie et le Tour de France, un exploit souvent considéré comme impossible tant l'enchaînement de ces deux grandes courses de trois semaines brise les corps.
Ce sera aussi son troisième sacre dans le Tour de France après 2020 et 2021 et il a la saveur d'une revanche éclatante sur Vingegaard, qui l'avait dominé ces deux dernières éditions.
"La rivalité avec Jonas m'a poussé à devenir meilleur", insiste Pogacar qui a changé d'entraîneur cet hiver pour gommer ces deux points faibles, les longues montées en haute-altitude et la chaleur. Il s'est aménagé des séances spécifiques, tout en travaillant sa position sur le vélo de chrono.
"Il n'a jamais été aussi bon mais ce n'est pas arrivé tout seul, rapporte son coéquipier Tim Wellens. À la fin de l'année, ce sera le coureur qui aura le plus passé de temps sur son vélo. Il bosse énormément." "Après un entraînement, il est souvent monté sur les rouleaux pour prolonger d'une demi-heure, sur son vélo de contre-la-montre avec une veste de pluie pour s'habituer à la chaleur, ajoute le Belge. On le regarde avec beaucoup d'admiration."