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"Une super pioche" pour son entraîneur, un "mini-moi" pour le champion olympique Benjamin Thomas: Oscar Nilsson-Julien, jeune homme aux trois passeports, courait encore pour la Grande-Bretagne il y a deux ans. Aujourd'hui, il incarne l'avenir du cyclisme sur piste français.
"Je viens d'une famille d'écrivains et moi je fais des tours de vélodrome." C'est ainsi que se présente ce fils d'un journaliste franco-suédois et d'une scénariste anglaise, qui entre en lice samedi aux Championnats du monde à Ballerup, dans la banlieue de Copenhague.
"J'aime bien la Scandinavie, comme je suis Suédois", glisse le coureur de 22 ans.
Suédois et Français par son père, oui. Britannique, aussi, lui qui est né et a grandi à Londres. Mais c'est bien sous le maillot de l'équipe de France qu'il court désormais.
"Avec trois nationalités, je me sens un peu de tout", lance avec une légère pointe d'accent celui qui a fait sa scolarité dans le lycée bilingue de Kentish Town, le quartier du nord londonien où il est né.
Enfant, il découvre la piste dans le sillage de son père Olivier, sur le vélodrome de Herne Hill, l'un des plus anciens au monde, construit en 1891, au sud de Londres.
- "Modèle anglais trop fermé" -
Doué, il devient un grand espoir du cyclisme britannique, champion d'Europe espoirs de l'omnium en 2022.
Mais il rêve d'abord d'un destin sur route et c'est avec cet objectif en tête qu'il rejoint l'AVC Aix-en-Provence en DN1, le plus haut niveau amateurs, en 2023.
Il a alors "un peu renoncé à faire la piste avec les Anglais", refroidi par leur réticence à le promouvoir directement en catégorie élite.
A peine arrivé dans le sud de la France, il regarde les Championnats d'Europe sur piste à la télévision avec le manageur de son nouveau club, Jean-Michel Bourgoin, qui lui demande: "mais pourquoi tu n'es pas en train de courir là-bas pour l'Angleterre?"
"Je lui explique un peu les raisons et il me dit: je connais Steven (Henry, l'entraîneur de l'équipe de France de l'endurance). Tu veux que je lui envoie un message? Trois jours plus tard, Steven m'appelle."
Steven Henry s'en rappelle très bien. "Jean-Michel Bourgoin me dit: j'ai un Anglais qui arrive chez moi mais il est aussi Français et je crois que ça ne se passe pas très bien avec la Fédé anglaise. Je l'ai tout de suite appelé. Il trouvait le modèle anglais trop fermé. Ici, on est un peu plus ouverts. C'est ce qu'il recherchait et ça lui a plu."
- "Il va faire mal" -
Rapidement, Oscar entreprend les démarches pour avoir la nationalité sportive française, qu'il obtient en décembre 2023, à temps pour participer aux Championnats d'Europe 2024, où il décroche une médaille de bronze à la course aux points, avant d'être remplaçant aux JO de Paris.
Pour la France, c'est un cadeau du ciel.
"C'est une super pioche, souligne Henry. Lorsqu'il est devenu champion d'Europe d'omnium U23, mon collègue chez les jeunes m'avait dit: il y a un Anglais, il nous a marché dessus, on aurait dit Benjamin Thomas."
De fait, le jeune Oscar partage un gabarit et un profil similaires à ceux du champion olympique de l'omnium cet été.
"Quand je l'ai vu, je lui ai dit: toi tu es un mini-moi en fait", raconte Benjamin Thomas. "Il lui manque encore un peu d'expérience et de vice. Mais il va faire mal", ajoute le Tarnais, qui fait l'impasse sur les Mondiaux au Danemark.
"Ben est un modèle pour moi", répond Oscar. Lui aussi veut cumuler la route et la piste, où il aimerait bien "faire un podium" dans l'omnium samedi ou à l'Américaine dimanche avec Clément Petit, en bronze jeudi sur le scratch.