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Terrassée par sa bête noire, l'Allemagne, pays-hôte, a vu ses rêves de victoire à l'Euro-2024 s'envoler vendredi à Stuttgart en prolongation devant une Espagne héroïque (2-1), qualifiée pour les demi-finales où elle affrontera le vainqueur de Portugal-France.
Une malédiction se brise, l'autre se poursuit. L'Espagne, invaincue face à l'Allemagne depuis 36 ans en compétition internationale mais qui n'était jamais parvenue à éliminer le pays organisateur d'un grand tournoi, est sortie victorieuse de cette finale avant l'heure grâce à un but à la 119e minute du milieu de la Real Sociedad Mikel Merino, servi par Dani Olmo, héros inattendu et premier buteur du match.
L'ailier de Leipzig, entré en jeu à la huitième minute à la place de Pedri, touché au genou après une vilaine faute de Toni Kroos, a brillamment pris le relais du Barcelonais en tant que meneur de jeu et transformé ce qui semblait être un coup dur en tournant d'un match âpre et haché.
Car comme l'avait prédit l'inusable Dani Carvajal, exclu à la 126e minute après un deuxième carton jaune, la Roja s'est imposée dans la souffrance, et au prix d'une bataille acharnée contre une Mannschaft qui a poussé jusqu'au bout pour prolonger le beau début d'été de ses supporters.
Les joueurs allemands, emmenés par un excellent Florian Wirtz, ont eu une réaction de champions en renversant la situation en deuxième période, et pourront regretter leur manque de réalisme devant le but.
- Merino envoie Kroos à la retraite -
Le milieu offensif du Bayer Leverkusen, élu meilleur joueur de Bundesliga cette saison, a réveillé son équipe et est passé proche d'en être le héros: auteur du but égalisateur à la 89e minute d'une demi-volée du droit après une remise de la tête de Joshua Kimmich, il a ensuite eu la balle du 2-1 au bout du pied gauche mais a trop croisé sa frappe (105e).
Dans la foulée, les Allemands auraient pu obtenir un pénalty sur une frappe de Jamal Musiala contrée par la main de Marc Cururella (106e), sans que l'arbitre ne fasse appel à la VAR.
Une action qui aurait puni les Espagnols pour s'être arrêtés de jouer après la sortie du phénomène Lamine Yamal (63e), toujours aussi virevoltant mais lui aussi maladroit dans le dernier geste avant d'offrir le ballon de l'ouverture du score à Olmo (52e, 1-0).
Recroquevillée comme rarement dans ses seize mètres, la Roja a longtemps résisté et a été bien heureuse de voir la frappe l'entrant Niclas Füllkrug heurter le poteau (77e) et le lob de Kai Havertz terminer au-dessus de la barre (82e). Mais elle a fini par craquer logiquement sous les assauts de plus en plus tranchants de Wirtz.
En prolongation, elle a heureusement pu compter sur une dernière parade décisive d'Unai Simon devant Füllkrug (117e), avant d'exulter à la dernière minute sur un centre de parfait de Dani Olmo coupé par Mikel Merino de la tête au premier poteau dans le dos de Rudiger (119e, 2-1).
Comme un symbole, c'est Carvajal, celui qui annonçait que les siens allaient devoir souffrir pour s'imposer, qui s'est sacrifié pour stopper Musiala à la 126e minute. Il a écopé d'un deuxième jaune mérité, le quatorzième sorti par l'arbitre anglais Anthony Taylor dans la rencontre.
Miraculée, l'Espagne devra donc faire sans lui et sans Robin Le Normand, deux de ses piliers défensifs, mais aussi sans Pedri, heureusement brillamment remplacé par Olmo, pour sa demi-finale contre la France ou le Portugal.
Elle pourra se consoler en se disant que son objectif, annoncé par plusieurs de ses joueurs, "d'envoyer Toni Kroos à la retraite", a été accompli.
L'emblématique milieu de terrain, salué comme "l'un des meilleurs joueurs allemands" de l'histoire par son sélectionneur, a quitté le terrain sous les applaudissements après avoir permis à l'Allemagne de reconquérir son public en sortant de sa retraite internationale pour jouer cet ultime tournoi.