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L'actrice indienne Sreelekha Mitra a révélé des détails choquants sur une tentative d'agression sexuelle par un réalisateur influent. Ces accusations s'inscrivent dans une série de révélations qui ébranlent l'industrie cinématographique du Kerala, surnommée "Mollywood", depuis la publication d'un rapport accablant.
L'industrie du cinéma du Kerala, surnommée "Mollywood", est en proie à un séisme depuis la publication des conclusions du rapport de la commission Hema, le 19 août. Ce rapport dénonce la prévalence des violences et du harcèlement sexuels perpétrés par un petit groupe d'hommes puissants, notamment des producteurs, réalisateurs et acteurs. Ce scandale fait écho à des récits comme celui de l'actrice indienne Sreelekha Mitra, qui, 15 ans après les faits, a trouvé le courage de parler de son expérience traumatisante.
"Je n'ai pas pu fermer l'œil de toute la nuit" : quinze ans après, l'actrice indienne Sreelekha Mitra n'a rien oublié du jour où elle s'est barricadée dans sa chambre d'hôtel pour échapper, affirme-t-elle, aux mains pressantes d'un prestigieux réalisateur. "Il a commencé à jouer avec mes cheveux, mon cou (...) je savais que si je ne réagissais pas, ses mains se seraient aventurées sur d'autres parties de mon corps", décrit aujourd'hui l'actrice. "Ses intentions étaient parfaitement claires, j'étais pétrifiée...".
En 2009, alors âgée de 36 ans, Sreelekha Mitra s'est retrouvée dans une situation terrifiante lors d'un événement organisé par Ranjith Balakrishnan, le patron de l'Académie locale du cinéma. Lors d'une conversation privée, ce dernier aurait tenté des gestes déplacés, forçant l'actrice à se barricader dans sa chambre d'hôtel pour échapper à une situation qui aurait pu empirer. Pendant des années, elle n'a partagé cet incident qu'avec un proche, mais la publication du rapport l'a poussée à parler publiquement et à porter plainte.
Le rapport de la commission Hema, dirigée par l'ancien juge K. Hema, révèle un système oppressif et dangereux pour les femmes travaillant dans le cinéma malayalam. Au-delà des nombreux cas de violence documentés, le rapport expose un climat de peur, où les victimes et leurs familles sont menacées de mort si elles osent dénoncer leurs agresseurs. Cela a mis en lumière des abus systémiques qui perduraient depuis des années, cachés derrière l'image respectable de cette industrie.
Parvathy Thiruvothu, une actrice renommée de 36 ans et militante au sein du Collectif des femmes du cinéma (WCC), considère ce rapport comme une véritable révolution. Pour elle, il ne se contente pas de dénoncer des cas individuels, mais attaque un système profondément enraciné dans le pouvoir masculin et la domination des femmes. Cette prise de conscience collective semble marquer un tournant décisif pour l'industrie du cinéma malayalam.
Suite à ces révélations, plusieurs acteurs ont été accusés et l'Association des artistes de cinéma malayalam (AMMA) a été dissoute après la démission de son président, lui aussi visé par des accusations. Quant à Ranjith Balakrishnan, accusé par Sreelekha Mitra, il a démissionné de la présidence de l'Académie locale du cinéma, bien qu'il ait nié publiquement les faits. Une enquête policière est en cours.
Pour Parvathy Thiruvothu et d'autres militants, l'heure est venue de briser le silence. Elle encourage les femmes à ne plus se laisser intimider et à revendiquer leur place dans l'industrie du cinéma, un droit qu'elles estiment légitime et non négociable. Le rapport Hema marque peut-être le début d'un changement profond dans la manière dont les femmes sont traitées dans Mollywood et au-delà.