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"Nordahl, c’était Nono. Nono jusqu’à devenir Nono le barjot", résume l'un de ses amis à nos confrères de BFMTV.
Après une enfance passée dans le village de Domessin (Savoie), Nordahl s'engage dans l'armée. Il intègre le 132e bataillon cynophile de l'armée de terre française. Au cours de ses missions, il est amené à voyager. À deux reprises, il quitte l'Hexagone pour la Guyane française. Mais l'homme a du mal avec l'autorité. L'un de ses supérieurs rapporte même qu'il "n'avait rien de faire dans l'armée". Quelques années plus tard, il est finalement réformé pour "infirmité" après avoir reçu une fléchette dans l'œil.
Il rejoint alors le domicile familial et enchaîne des petits boulots, sans jamais trouver un emploi stable. Il tente de monter son entreprise de dressage canin mais n'y parvient pas, précise le journal local Le Dauphiné Libéré.
C’était un peu la pièce rapportée.
Nordahl tombe alors dans la petite délinquance et devient petit dealer. Par ses proches, il est décrit comme un fêtard. "C’était un squatteur, un vagabond. Il s’agrippait à tous les groupes. C’était un peu la pièce rapportée. Dans la soirée, c’était un peu l’ami rapporté par un autre ami", confiait l'un de ses amis à BFM TV.
En septembre 2017, l'homme se retrouve face aux enquêteurs dans le cadre de la disparition d'une fillette de 9 ans, Maëlys de Araujo. L'enfant a disparu au cours d'un mariage organisé dans la commune de Pont-de-Beauvoisin. Rapidement, des recherches sont lancées et les invités auditionnés. Parmi eux : Nordahl Lelandais.
Ce dernier n'était pas invité mais après avoir insisté, il a fini par obtenir une place pour la fête organisée après le vin d'honneur. Or son comportement a, à plusieurs reprises, intrigué quelques convives. Nordahl se serait absenté durant la fête et sa proximité avec la petite Maëlys a suscité quelques interrogations.
Face à des preuves accablantes, il reconnaît le meurtre de la petite Maëlys
Dans une interview donnée au Dauphiné Libéré, l'avocat de la famille de la fillette confie : "Selon la maman, pendant la soirée, Maëlys lui a décrit cet homme comme son 'copain' et l’aurait désigné comme son 'tonton' à un invité du mariage. Cet homme aurait discuté avec la petite Maëlys, montrant à la fillette et à sa mère des photos de ses chiens sur son téléphone".
En février 2018, après sa mise en examen, Nordahl Lelandais finit par reconnaître son implication dans la disparition de la fillette. Une trace de sang appartenant à la fillette est découverte dans le coffre de sa voiture. Il admet avoir transporté l'enfant dans son véhicule. Il aurait voulu lui montrer ses chiens restés à son domicile, assure-t-il. Pendant le trajet, la fillette aurait paniqué. Il raconte lui avoir infligé une gifle. Et ce coup aurait été mortel.
Quelques jours plus tard, là encore confronté face à une preuve accablante, Lelandais avoue un deuxième meurtre : celui du caporal Arthur Noyer, un jeune homme de 23 ans, retrouvé mort à Chambéry en 2017.
Il attendait que sa proie soit seule
Depuis son arrestation, les langues se délient. Plusieurs de ses anciennes compagnes décrivent un homme "manipulateur, menteur et mythomane". Certaines évoquent un homme violent qui n'aurait pas hésité à les traquer après leur rupture. "C'est de la traque, c'est comme s'il voulait créer un atmosphère dans lequel il rodait autour de moi. Il attendait que sa proie soit seule. Il est toujours présent dans mon environnement. Cela ne s'arrête jamais. Il est tordu", racontait l'une d'entre elles à nos confrères de RTL France.
Pour les psychologues qui l'ont examiné, les relations de Lelandais s'inscrivent dans un mode fusionnel et/ou passionnel, ceci résultant d'une forte dépendance affective. Les experts concluent à une personnalité de type pervers et estiment sa dangerosité criminalistique comme importante.
Les psychiatres confirment cette tendance à la mythomanie avancée par ses anciennes compagnes. Tel un caméléon, Nordahl semble conter sa vie de façons différentes selon ses interlocuteurs. Lors d'un interrogatoire, l'ancien militaire avait affirmé entendre des voix mais pour les experts, aucun signe de schizophrénie. Ce lundi 3 mai, s'ouvre le premier procès de Nordahl Lelandais.
Un tueur en série?
L'ancien militaire est jugé pour le meurtre du caporal Arthur Noyer. A Chambéry, le procès se déroule au sein d'un petit palais de justice qui n'a jamais abrité une audience de telle ampleur et autour de laquelle un important dispositif policier est prévu. L'apparition en public du suspect, dont on ne connaît que quelques photographies privées, cristallisera l'attention. Le verdict du jugement est attendu pour le 12 ou 14 mai prochain.
Au terme des débats, le jury devra répondre à plusieurs questions, dont une principale: celle de la qualification pénale des circonstances de la mort d'Arthur Noyer. Nordahl Lelandais a-t-il donné des coups violents sans avoir voulu tuer, comme il l'a reconnu ? L'a-t-il battu à mort en connaissance de cause? Ce qui caractériserait un homicide volontaire, chef pour lequel il est jugé, passible de 30 ans de réclusion criminelle.
Il est également mis en examen pour le meurtre de Maëlys de Araujo et pour agression sexuelle sur trois jeunes cousines. Nordahl Lelandais est-il un tueur en série ? Est-il lié à d'autres affaires criminelles ?
En janvier 2018, la "Cellule Ariane" a été créée au sein de la gendarmerie. Composée de 7 enquêteurs, elle eut pour but d'étudier les affaires criminelles non résolues dans lesquelles Nordahl Lelandais pourrait être impliqué.