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La Suède, pays scandinave d'un peu plus de 10 millions d'habitants, n'a toujours pas procédé à un confinement de sa population pour limiter la propagation du coronavirus. Il est seulement conseillé à la population d'éviter les voyages et les déplacements non nécessaires, et de télétravailler. Les cours se donnent à distance dans les écoles et universités. Seuls les rassemblements de plus de 50 personnes ont été interdits depuis vendredi dernier et dans les bars le service se fait seulement à table. La majorité des cas confirmés est enregistrée dans la capitale Stockholm. Jusqu'à présent, le pays comptabilise environ 5.000 cas confirmés et 239 décès qui concernent essentiellement des personnes âgées ou/et atteintes d'un autre problème de santé.
À l'autre bout de l'Europe, en Italie, pays le plus touché par l'épidémie, on s'intéresse au cas suédois. Le journal Corriere della Sera a interrogé le docteur Anders Tegnell, épidémiologiste et directeur de l'institut de santé publique. Son visage est omniprésent ces dernières semaines dans les média suédois où il répète régulièrement les raisons pour lesquelles il n'y a aucun confinement jusqu'à présent.
Vous faites comme si l'épidémie pouvait disparaître en quelques semaines ou en un mois tout au plus
La logique suédoise est, à l'instar de nos voisins néerlandais d'ailleurs, de privilégier une immunisation progressive de la population avec l'argument que le coronavirus est là pour un bon bout de temps.
"Vous faites comme si l'épidémie pouvait disparaître en quelques semaines ou en un mois tout au plus. Nous cherchons par contre seulement à la ralentir parce que nous croyons que cette maladie ne s'en ira pas si vite et nous devrons coexister longtemps avec elle. Au moins jusqu'à l'arrivée d'un vaccin et cela réclamera des années. Même la Corée du Sud qui est parvenue à contenir l'épidémie, se prépare déjà à son retour" déclare le docteur Anders Tegnell.
"La vérité est que nous savons encore peu de choses sur Covid-19 et chaque pays expérimente des solutions variées qu'il adapte à sa situation", poursuit le docteur. Selon lui, le confinement strict ne peut pas être prolongé indéfiniment. "On ne peut arrêter l'économie de manière illimitée. Un jour ou l'autre nous serons obligés de tout rouvrir et nous pourrions nous retrouver face à une situation pire", estime-t-il. Le pays table donc (pour le moment) sur une immunité de groupe. "Nous avons l'intention de tester au moins 6-700 personnes pour chercher à savoir quel est le degré d'immunité qui a été atteint dans la population", annonce-t-il. En Belgique, récemment, le spécialiste des maladies infectieuses, le Dr Yves Van Laethem estimait qu'une population immunisée à 60% constituait un bouclier suffisant.
Comment explique-t-il la catastrophe sanitaire survenue en Italie ? "Les hôpitaux n'étaient pas prêts et se sont transformés en amplificateur de la contamination", pense le directeur de l'institut de santé publique.