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Nous rencontrons Gehan dans un café de Bruxelles. Comme chaque jour, elle scrute les petites annonces sur internet. Après quatre mois de recherches et de nombreuses visites, l'étudiante en droit n'a toujours pas réussi à décrocher un logement. Les loyers bruxellois sont nettement supérieurs à son budget. Elle nous montre une petite annonce sur son ordinateur. "Là, par exemple, c'est en studio, et là c'est 810€. Là, ils intègrent les charges dedans, mais 810€ pour un studio de 30 m²…", nous confie-t-elle, dépitée. L'étudiante nous montre une autre annonce: "Une chambre dans un appartement de six personnes. La taille de la chambre, il y a de quoi mettre un lit. Pour un prix de 600€. Pour juste mettre ton lit en fait!".
Une pénurie de kots à prix accessibles et de qualité
Selon la Fédération des étudiants francophones (FEF), Gehan est très loin d'être la seule dans ce cas. "Il existe depuis de nombreuses années une pénurie de kots à prix accessibles et de qualité. Cette année, avec l'augmentation des prix des charges, les étudiants se retrouvent avec une facture beaucoup plus salée. C'est plus de 100€ par mois pour les étudiants, ce qui devient très compliqué pour eux de pouvoir suivre", explique Emila Hoxhaj, présidente de la FEF.
De 480€ charges comprises à 500€ hors charges
A Bruxelles en 2021, les étudiants déboursaient en moyenne 480€ par mois, charges comprises. Aujourd'hui, ils déboursent jusqu'à 500€. À ce prix, il faut encore rajouter les charges, qui ont considérablement augmenté avec la flambée des prix de l'énergie.
La Fédération interpelle les autorités. "On demande donc aux politiques de pouvoir refinancer l'enseignement supérieur pour permettre aux établissements d'investir dans des kots publics à prix accessibles, pour permettre aux étudiants les plus précaires d'avoir accès à des logements", réagit Emila Hoxhaj.
Les logements publics sont des studios ou colocations proposées par les universités. Problème: il y en a trop peu, ce qui oblige beaucoup d'étudiants à se tourner vers le marché privé et ses prix moins démocratiques.
Pour la ministre de l'Enseignement, Valérie Glatigny, la gestion de cette problématique appartient aux universités "Pour le logement universitaire, il dépend des établissements qui sont financés de façon globale par la Fédération Wallonie-Bruxelles", réagit-elle par écrit.
La ministre le rappelle: il existe des aides pour les étudiants en difficulté. En attendant, Gehan poursuit ses recherches et espère trouver un kot à moins d'un mois de la reprise des cours.