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Frappée par la deuxième vague de l'épidémie de coronavirus, la Belgique devra-t-elle opérer des choix au sein de ses services de soins intensifs dans les prochains jours comme l'Italie a du le faire en mars dernier ? Ce mardi 3 novembre, 1300 patients étaient soignés aux soins intensifs pour une infection du Covid-19 et la capacité maximale du pays est évaluée à 2000 environ.
COVID 19 BELGIQUE: où en est l'épidémie ce mardi 3 novembre ?
Depuis toujours, des choix doivent être faits dans les services de soins intensifs. Mais l'épidémie de coronavirus les a multipliés.
Je ne voudrais pas de telle ou telle machine pour me faire survivre' nous disent-ils
La première question qui se pose est de savoir s'il faut soigner un patient aux soins intensifs. "Ce n'est pas parce qu'on admet un patient aux soins intensifs qu'il va aller forcément mieux, cela ne va pas forcément augmenter ses chances de survie", dit Patrick Biston, chef des soins intensifs au CHU de Charleroi.
Certains patients ne veulent pas aller aux soins intensifs. "Quand on explique aux patients ce que c'est d'être mis au respirateur, et vous avez vu ces patients couchés sur le ventre avec des tuyaux partout, des patients disent qu'ils n'en voudront pas. 'Je ne voudrais pas de telle ou telle machine pour me faire survivre' nous disent-ils", raconte Patrick Biston.
Mettre une personne très âgée avec comorbidité sous respirateur, c'est pratiquement un traitement inhumain
Au-delà de la volonté du patient, il faut aussi tenir compte de son état. "Si on ne peut pas connaitre la volonté du patient parce qu'il ne s'exprime pas ou plus, que ces représentants ne peuvent pas non plus s'exprimer, il n'en reste pas moins que c'est une décision médicale qui doit s'appuyer sur la situation médicale du patient, de sa santé (notamment les facteurs de co-morbidité, c'est-à-dire ses autres problèmes de santé) et ses chances de survie. Mettre une personne très âgée avec comorbidité sous respirateur pour ma part je dirais que c'est pratiquement un traitement inhumain", estime Jacqueline Herremans, membre du comité consultatif de bioéthique.
Au niveau du comité de concertation de bioéthique, un protocole a été mis en place pour aider à la prise de décision. D'abord on demande l'avis du patient. S'il ne peut s'exprimer, on demande l'avis de la famille et des proches puis celui du médecin généraliste. Si aucun de ces avis ne peut être obtenu, il revient à l'hôpital et à son service des soins intensifs de prendre une décision.
Si un choix devait s'opérer parce que les soins intensifs sont saturés, "au vu des antécédents et de l'âge, on aura tendance à dire 'Non je ne vais peut-être pas l'intuber pour laisser sa place à un plus jeune en meilleure santé'" pense un infirmier des soins intensifs. Aujourd'hui, le personnel soignant espère que la hausse des entrées aux soins intensifs ne se poursuivra pas afin d'échapper à ces choix difficiles.