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Fin février, Philippe acquérait une voiture hybride rechargeable en guise de véhicule de société. "C'est plus intéressant fiscalement pour notre entreprise, mais je trouve que c'est encore trop tôt pour passer à un véhicule tout électrique. Donc c'est un intermédiaire", explique l'habitant de Forest. Philippe a l'habitude de rouler en mode électrique à Bruxelles principalement. Son autonomie avoisine les 50 kms.
Une augmentation de plus de 50% de ses tarifs.
Pour recharger son véhicule, il se tourne vers les bornes publiques, gérées par EnergyDrive, situées à 400m environ de son habitation. Récemment, il a reçu un courrier de l'opérateur chargé de ces bornes lui indiquant que les tarifs augmentent. "Une augmentation de plus de 50% de ses tarifs. On passe de 0.37€ / kWh au lieu de 0.24€. Est-ce que ces tarifs sont régulés ? Ou du moins leur évolution ?", se questionne Philippe. Avant d'ajouter: "On attire les gens et une fois qu'ils sont là, on augmente". Ce consultant en informatique l'assure : cette solution reste pour lui la plus avantageuse aujourd'hui. Mais selon lui, cette hausse soudaine pourrait décourager les utilisateurs à se tourner vers les véhicules électriques.
On va avoir des très gros soucis pour que tout le monde puisse recharger son véhicule.
Parallèlement à cette augmentation de tarifs, Philippe déplore "le manque de bornes". "Je crois qu'au rythme actuel, on va avoir des très gros soucis pour que tout le monde puisse recharger son véhicule. Pour 50 kilomètres, j'ai besoin de 4 h de charge, donc les bornes sont occupées pendant très longtemps pour très peu d'autonomie dans les véhicules. Il faudrait un petit peu accélérer la mise en place de ce genre de bornes", estime l'habitant de Forest.
Le tarif de recharge est déterminé par l'appel d'offres piloté par Sibelga, le gestionnaire des réseaux de distribution d'électricité et de gaz naturel pour les 19 communes de la Région de Bruxelles-Capitale. Ce dernier a été chargé par la Région bruxelloise d'organisation des concessions de services ayant pour objet la fourniture, l'installation et l'exploitation de bornes sur l’ensemble du territoire de la Région. "Nous sélectionnons ensuite l’entreprise proposant le prix le plus avantageux", nous explique Serena Galeone, la porte-parole de Sibelga. "Nous avons choisi l'entreprise qui proposait le prix le plus compétitif. L'augmentation des prix se justifie par la crise énergétique, mais il y aura un lissage à long terme", justifie ici Sibelga, précisant en outre que les prix pratiqués pourront être renégociés une fois par an.
Ça n'ira pas qu'en augmentant.
EnergyDrive le confirme : cette hausse s'explique simplement par l'augmentation des prix de l'énergie. "À 24 cents, on aurait vendu à perte, d'où notre augmentation. Mais malgré cela, on reste le prix le plus bas du marché", explique Meghan Richil, porte-parole. Faut-il s'attendre à de nouvelles hausses dans les mois qui viennent ? La révision des tarifs est prévue une fois par an uniquement, en fonction de l'inflation annuelle. "Si le prix de l'énergie était voué à diminuer fortement, on le diminuera aussi. Ça n'ira pas qu'en augmentant", assure la porte-parole d'EnergyDrive.
La hausse des tarifs peut-elle être un frein pour les utilisateurs ? Les autorités locales se disent attentives aux prix pratiqués. "C'est la raison pour laquelle la Région adopte cette approche d’organiser des concessions annuelles sur l’ensemble de son territoire. Celle-ci permet d’accueillir plus d’opérateurs sur son territoire et de faire jouer la concurrence entre eux, tout en offrant des solutions de recharge à proximité de chaque utilisateur", explique Simon Vandamme, porte-parole d'Alain Maron, le ministre de l'Énergie et de la Transition climatique.
La promesse : 22.000 points de recharge d'ici 2035
Face à la hausse pratiquée par EnergyDrive, le porte-parole réagit : "Ce tarif de 0,37 euro ne peut pas être considéré comme élevé si on le compare aux tarifs pratiqués dans d’autres villes, par exemple".
La Région bruxelloise s'est fixé l'objectif d'avoir 22.000 points de recharge accessibles au public d'ici 2035. De 400 points de recharge accessibles en 2020, le réseau est aujourd'hui passé à plus de 2.000 points de recharge accessibles au public. Les autorités assurent qu'aujourd'hui, cette extension permet de garantir la présence d'une borne à moins de 250 mètres de chaque ménage bruxellois. "Cette année, nous installerons 700 bornes supplémentaires, qui permettront de resserrer ce maillage à 150 mètres. Au cours des années à venir, ce déploiement continuera, afin d’offrir des solutions de recharge suffisantes, en fonction de l’évolution du parc automobile", assure Simon Vandamme.