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Toxicomane, le fils de Françoise a été incarcéré pendant plusieurs mois à la prison de Lantin. Selon elle, il a été relâché en étant encore dépendant. Cette maman regrette le manque de suivi de l’administration pénitentiaire. Alors qu’en est-il exactement sur le terrain ?
Françoise est une maman à la fois démunie et inquiète pour son fils toxicomane. Cette habitante de Frasnes-lez-Anvaing, dans le Hainaut, a décidé de témoigner via le bouton orange Alertez-nous dans l’espoir de "changer les choses".
Incarcéré deux mois pour vols à répétition, son fils est aujourd’hui sorti. Mais depuis sa libération, Françoise n’a plus de nouvelles. Elle pense qu’il est toujours dépendant aux drogues. "Pour l’entourage, c’est très difficile à vivre. Quand vous ne savez pas où est votre enfant, c’est catastrophique", confie-t-elle.
Je suis arrivée à un point où je ne sais plus quoi faire
Face à cette situation douloureuse, Françoise ne sait plus quelles démarches entreprendre, ni vers qui se tourner. "Je suis arrivée à un point où je ne sais plus quoi faire. On m’a fermé toutes les portes pendant plus d’un an lorsque mon fils était à la rue", témoigne-t-elle.
Cette maman dénonce un manque de suivi en Belgique. "Pour moi, un toxicomane ne sait pas gérer sa vie, c’est impossible avec les consommations qu’ils prennent. Donc, il faut que quelqu’un puisse à un certain moment dire : "Maintenant, c’est stop". Et il faut également que les membres de la famille pour leur bien puissent les diriger".
Pour Françoise, la place de son fils est dans un centre de désintoxication, mais elle ne se sent pas écoutée. "Nous sommes les premiers quand même à le vivre et je vous assure que c’est loin d’être évident ça au quotidien et je sais qu’il est malheureux", confie avec tristesse la maman meurtrie.
Une consultation médicale dans les 24h en prison
Alors qu’en est-il sur le terrain ? Pour le savoir, nous nous sommes rendus à la prison de Lantin. Dès son entrée, le détenu est vu par un service médical dans les 24 heures. Une éventuelle addiction peut être diagnostiquée cliniquement. "Le médecin va analyser l’état de santé du détenu avec lui et, selon les besoins, il va mettre en place plusieurs mesures de prise en charge de cette dépendance aux stupéfiants", explique Anne De Waele, directrice de la prison de Lantin.
Une fois incarcéré, 50% des détenus ont déjà une assuétude aux stupéfiants et 30% continuent à en être dépendants en prison.
Des rendez-vous médicaux réguliers
Pour prendre en charge les prisonniers sous assuétude, un projet a été mis en place depuis 2018 à Lantin. "Nous allons lui proposer des rendez-vous réguliers avec un psychologue, un infirmier et aussi le médecin addictologue de la prison", énumère Emilie Shmits, coordinatrice du projet pilote Macadam à la prison de Lantin. Afin d’aider les héroïnomanes à décrocher petit à petit, le médecin peut prescrire un traitement de substitution.
Actuellement, ce projet n’existe que dans trois prisons en Belgique. Il n’est pas question d'imposer ce suivi qui est volontaire.
Et après la libération ?
Mais qu’en est-il une fois sorti de prison ? D’après un centre bruxellois spécialisé dans les addictions, il existe plusieurs situations. "Soit les personnes appellent directement parce qu’ils ont un souhait de rencontrer un professionnel pour parler de l’addiction, soit c’est une personne de l’entourage qui appelle, soit c’est la justice qui vient mettre une injonction de soins", explique Isabelle Prévot, assistante sociale et adjointe à la coordination au sein de l’unité de consultation du centre médical Enaden, à Bruxelles.
Mais les proches d’un toxicomane ne peuvent pas l’y contraindre. Dans ce centre, la consultation est donc aussi ouverte aux familles et aux proches.