Partager:
L'histoire semble invraisemblable et pourtant, Alex (nom d'emprunt) est resté coincé plusieurs jours à Abu Dhabi après un contrôle douanier. En cause : un bonbon tombé au fond de son sac que les autorités locales ont pris pour de la drogue. Le Belge dénonce un cas de détention arbitraire.
C'est un voyage dont ils se souviendront longtemps. Alex (nom d'emprunt) est parti en Thaïlande avec sa compagne. "C'était magnifique", raconte-t-il. C'est après que ça se corse. Sur le trajet du retour, le couple avait une escale prévue aux Émirats arabes unis. "Comme c'était une escale de 12 heures, on s'est dit qu'on allait aller visiter un peu", narre le principal intéressé.
Mais c'est là que le bât blesse. "Au moment de sortir, on nous arrête pour un contrôle aléatoire aux douanes", explique celui qui est policier dans la vie de tous les jours. Jusque-là, rien d'anormal, dans tous les aéroports, des contrôles plus poussés sont organisés aléatoirement aux postes de douane. Seulement, très vite, Alex comprend que quelque chose ne va pas : "L'agent a fouillé mes affaires très minutieusement et s'est arrêté sur un bonbon tombé au fond de ma sacoche. Il a commencé à me demander si je consommais du cannabis, avant d'affirmer carrément que c'était le cas".
Je me retrouve dans une cellule commune, j'y resterai 30 heures
Après le bref interrogatoire, la personne part avec le bonbon en question et "des médicaments qui étaient dans la sacoche" pour faire un test de drogue. "On me dit que s'il est négatif, je pourrai partir. Pas de souci, je sais qu'il le sera", dit Alex.
Tout aurait pu s'arrêter là, mais c'est l'escalade. Le Belge assure qu'aucun test n'a été réalisé devant lui. Les douaniers ont procédé à une fouille au corps, ils évoquent un test sanguin qu'ils ne feront finalement pas non plus. "On me dit que je vais devoir aller au commissariat qui se trouve dans l'aéroport. Après trois heures, les policiers sont venus me chercher. Je me retrouve dans une pièce, je comprends que c'est une cellule commune et j'y resterai 30 heures", se souvient Alex.
Ni à boire ni à manger
Là, c'est la panique. Quand il entend parler de prison, Alex "angoisse" : "Je me demande ce qu'il va m'arriver".
La cellule dans laquelle il se trouve est exiguë. Il donne des détails sur ses conditions de détention : "L'endroit est assez propre, mais on est parfois 15 dedans. Il y a une toilette, on ne nous donne ni à manger, ni à boire et on ne nous laisse pas dormir. Il y a de la lumière 24 heures sur 24".
Seul lot de consolation, Alex a pu profiter du téléphone caché d'un autre détenu pour prévenir sa compagne qui "a beaucoup souffert" aussi, elle s'est beaucoup inquiétée. Après avoir été mise au courant, elle a pu prendre contact avec l'ambassade dans le cadre de l'assistance consulaire.
3.000 euros de perdus au total
Après 30 heures de détention, visiblement sans raison valable, Alex est relâché moyennant 600 €. Il a évidemment payé la somme demandée et le couple a cherché à rentrer le plus vite possible en Europe. "On a pris le premier vol. On est allé jusqu'à Rome, puis on est rentré", raconte-t-il. Coût total de l'opération, entre les billets d'avion, la "libération" et les nuits d'hôtel : 3 000 €.
Alex va tenter de récupérer les 600 euros qu'on lui a soutirés, mais n'y croit pas beaucoup. Et il a raison selon François Graas, coordinateur de campagne chez Amnesty International : "C'est un État très peu réceptif aux demandes qui viennent de l'étranger, les recours sont très limités".
Par ailleurs, la mésaventure d'Alex ne surprend pas beaucoup notre interlocuteur : "Le contexte des Émirats arabes unis est assez répressif. On a de nombreux cas de détentions arbitraires. (...) C'est un pays qui veut se donner une image positive au niveau mondial, mais concrètement, on voit que c'est un pays où les droits humains ne sont pas respectés".
Contacter l'ambassade, le bon réflexe
Nous avons rencontré le SPF Affaires étrangères qui confirme avoir été en contact avec la compagne d'Alex. Si le principal intéressé estime que l'aide fournie n'a pas été suffisante, se tourner vers l'ambassade est pourtant le bon réflexe à avoir. "Les personnes qui sont confrontées à ce genre de situation peuvent contacter l'ambassade dans le cadre de l'assistance consulaire et elle tentera de les aider comme elle le peut".
Dès lors, avant de partir, renseignez-vous sur l'ambassade belge compétente pour le pays que vous visitez.
Le porte-parole, Nicolas Fierens Gevaert, conseille aussi "à tous les Belges qui se rendent à l'étranger de consulter au préalable les conseils aux voyageurs" sur leur site internet. Il précise que dans le cas des Émirats arabes unis, par exemple, il y a une attention particulière sur le fait qu'il y a une tolérance zéro en matière de trafic de drogue et qu'il faut être très vigilant.
Ici, il semble ne pas y avoir d'infraction, Alex a juste eu de la malchance. Pourquoi l'avoir arrêté ? Pourquoi avoir décidé de le laisser partir moyennant 600 € ? Ces questions restent, pour l'instant, sans réponse. Mais le principal intéressé compte bien donner suite.