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Les téléphones portables sont l'une des cibles privilégiées des pick-pockets. Seulement, depuis plusieurs années maintenant, dans la plupart des téléphones de nouvelle génération, un système de localisation est possible. Pour faire simple, si votre téléphone est volé, vous pouvez, avec un autre appareil de la même marque, voir où il se trouve, s'il est allumé. En théorie, ce serait donc une aubaine pour pouvoir rapidement récupérer son objet volé. Sauf qu'en pratique, c'est bien plus compliqué que ça.
Jason, jeune bruxellois, a été victime d'un vol de téléphone au début du mois du mars. Il raconte : "J'étais dans le bar Delirium du centre-ville de Bruxelles, un bar très fréquenté de la capitale", explique-t-il. "Dans cet établissement, il y a vraiment beaucoup de monde, et je tenais une amie par la main pour ne pas qu'on se perde dans la foule de gens rassemblés au bar".
Seulement, Jason confie avoir une mauvaise habitude. "Je mets toujours mon téléphone dans une poche arrière de mon pantalon", confie-t-il. "Là, alors que j'avais mes mains occupées, j'ai senti qu'on était en train de me subtiliser mon téléphone, mais le temps que je réagisse et que je me tourne, il n'y avait déjà plus personne".
Localisé ne signifie pas récupéré
Dès le lendemain du vol, Jason va bloquer son téléphone de sorte à ce que le voleur ne puisse pas avoir accès à ses données personnelles. "En le bloquant, je remarque alors qu'il est toujours localisé à Bruxelles, plus précisément à Molenbeek, près de l'arrêt de métro de Beekkant. Et il y a une adresse précise !"
En effet, grâce au système de localisation, une adresse précise apparaît à Jason. "J'ai appelé la police pour leur communiquer l'histoire et l'adresse. Ils m'ont dit que je n'étais pas le seul à appeler pour cette raison. Ils se sont tout de même rendus à l'adresse indiquée en demandant à la personne qui a ouvert si elle avait trouvé un téléphone volé. Évidemment, la personne a répondu que non, et les policiers n'avaient pas le droit de rentrer à l'intérieur".
De fait, comme nous l'avions déjà souligné dans un précédent reportage datant d'il y a quelques années, il est très difficile pour la police de pouvoir intervenir dans ce cas de figure. À l'époque, François s'était également fait voler son téléphone, qui était localisé à proximité d'Anderlecht. "Le policier m'explique que sans mandat, ils ne peuvent rien faire et qu'un juge ne délivre pas un mandat sous prétexte qu'un téléphone volé a été localisé", expliquait-il. Une explication d'ailleurs toujours valable aujourd'hui.
Le problème pour la police est double : "Notre cadre légal nous confronte à deux problèmes. Le premier : on doit être sûr de la localisation… et ce n'est pas toujours très précis. Si on est dans un environnement urbain, on est probablement dans un immeuble", expliquait un agent.
L'autre problème, "c'est la notion de flagrant délit. Le flagrant délit, c'est juste après les faits, et au plus tard dans les 24 heures. Si on est dans le cas d'un flagrant délit et qu'on a su localiser l'objet, un policier qui a la qualité d'officier de police judiciaire, pourrait rentrer dans le domicile afin de faire une perquisition. Si on n'est pas dans un flagrant délit, il faut le consentement des occupants de l'habitation. En cas de refus, un PV sera établi et envoyé au parquet. Selon la gravité des faits, un juge d'instruction pourrait délivrer un mandat de perquisition". Pour le cas d'un vol de téléphone, en tout cas, le juge ne délivre pratiquement jamais de mandat.
Voyage en dehors de l'Europe
Seulement, le voyage du téléphone de Jason ne s'arrête pas. Quelques semaines plus tard, son téléphone se rallume et il reçoit alors une notification : son iPhone a été localisé au Maroc ! "A l'adresse mentionnée, cela indique un magasin de pièces détachées, ils ne se cachent même plus ! J'ai tenté d'envoyer un message privé, mais pas de réponse. Seulement, en contactant le magasin via Facebook avec une simple question anodine sur l'enseigne, ils annoncent également qu'ils vendent des téléphones entiers..."
Le coup de grâce pour Jason qui fera définitivement une croix sur son téléphone. "La police belge ne peut déjà rien faire quand il est en Belgique. Je me vois mal appeler la police au Maroc ou me déplacer jusque là-bas pour qu'ils fassent quelque chose".
Tout de même, Jason aura appris quelque chose grâce à ses échanges avec la police. Si le téléphone est retrouvé par le propriétaire sur un site de revente (du style eBay ou MarketPlace), il est possible d'intervenir. "Si on reconnaît son téléphone, et qu'on prouve que c'est bien le sien, il est conseillé de donner un rendez-vous au vendeur pour simuler une vente et de prévenir la police en amont. Là, ils pourront intervenir".
Encore faut-il avoir la chance de retomber sur son téléphone, parmi les centaines mis en vente tous les jours…