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Le nom de Powerdale vous dit peut-être quelque chose et pour cause, environ 50.000 Belges ont fait installer une borne de cette entreprise chez eux. Un engin destiné à recharger les voitures électriques, lorsque la voiture est à la maison.
Malheureusement, l'entreprise a fait faillite il y a quelques mois et tous ses clients se retrouvent dans une situation bien inconfortable. Le fonctionnement était simple : un boîtier de recharge paramétrable avec une application. "Les logins des anciens comptes ont été désactivés. Le problème avec ça, c’est qu’on ne peut plus configurer la borne. Elle est gelée dans la configuration actuelle", rapporte Raphaël. Ce Brabançon wallon possède une borne chez lui en plus d'être installateur.
"Les utilisateurs ne savent plus, par exemple, exporter les horaires de charge de leur borne. Il faut savoir qu’un utilisateur qui est indépendant est supposé retirer un ticket pour pouvoir le mettre dans sa comptabilité. Il ne peut plus le faire. D’autres utilisateurs avaient programmé des horaires de nuit, comme ils ne peuvent plus changer les configurations, ils ne peuvent plus utiliser leur borne que durant cet horaire".
Un service qui devient payant
Au moment de la faillite, la plateforme de gestion de l'application a été reprise par une société luxembourgeoise : Encevo. Cette dernière a créé une filiale, MyDiego, pour s'occuper de la plateforme fraîchement acquise. Afin de rentabiliser cet achat, MyDiego a envoyé un message aux anciens clients de Powerdale : pour pouvoir utiliser de nouveau l'application, il faudra désormais payer.
"L’abonnement qui m’a été demandé est d’environ 120 euros par an. Il y a eu des réactions assez virulentes chez les clients", précise Raphaël. "D’une part, parce qu’ils s’inquiétaient de ce qui allait advenir de leur matériel après la faillite, puis ils ont rapidement été mis en contact avec le repreneur. À ce moment-là, ils se sont demandés pourquoi ils devaient payer alors qu’avant c’était gratuit. D’autres utilisateurs sont tombés dans une sorte de néant. Ils n’étaient pas au courant de la faillite ni de la reprise et du jour au lendemain, ils se sont retrouvés avec une borne électrique qui ne répond plus à leurs demandes."
"Si vous payez l’abonnement, tout refonctionne. C’est comme si vous achetez un grille-pain au magasin et que le lendemain, la marque vous appelle pour vous dire qu’il faudra désormais payer 10 euros par mois pour l’utiliser. Vous vous sentez un peu lésés", ajoute l'installateur.
La rédaction de RTL info a contacté l'entreprise luxembourgeoise, mais elle n'a pas souhaité répondre à nos questions.
Pas d'autre choix que de payer ?
Avocat régulièrement mandaté comme curateur pour des faillites, Alain Goldschmidt est bien au fait de ce genre d'histoires. Son expertise est limpide : les anciens clients de Powerdale n'ont pas d'autres solutions que de se plier aux conditions du repreneur à moins de se tourner vers une autre société pour charger leurs voitures.
"Il faut savoir que la faillite ne met pas fin automatiquement aux contrats qui sont en cours", précise-t-il d'emblée. "Il faut examiner la convention de session de l'activité qui a été conclue entre le curateur et la société repreneuse. Soit le repreneur s'engage et garantit l'exécution et le respect des contrats en cours, mais c'est assez rare, soit il se contente de reprendre une activité et ne prend aucun engagement ni ne donne de garantie particulière. En quelque sorte, il fait ce qu'il veut. Il peut donc reprendre les contrats en cours ou les reprendre, mais en modifier les conditions. Bien entendu, en cas de modification, le contractant est libre de refuser, ce qui met fin au contrat".
Les clients sont-ils très peu, voire pas protégés en cas de faillite ? "Oui, c'est le problème des faillites, il y a souvent des gens qui restent sur le carreau."
Une explication qui va peut-être aider les dizaines de milliers de Belges concernés à faire le choix qu'ils estiment être le meilleur.