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Première étape de notre visite aux côtés du directeur médical du CHIREC: la salle d'attente. "Comme vous pouvez le voir, la salle d'attente est vide. Ça, ça n'arrive jamais un lundi matin", confie-t-il.
Pour le moment on n'est pas dans le tsunami
Premier effet du confinement, les Belges ne se précipitent plus aux urgences. Pour Philippe El Haddad, qui dirige les sites hospitaliers du CHIREC, son personnel peut enfin se concentrer sur le coronavirus.
A Braine-L’Alleud, l’avant-poste des urgences est sous contrôle. Le directeur médical a un œil sur tout. "Pour le moment on n'est pas dans le tsunami, on n'est pas dans la vague. Peut-être mercredi, jeudi jusqu'à la fin du week-end, il faut voir", explique Philippe El Haddad.
Trier les patients qui arrivent
Le tri des patients est un travail délicat. Il faut éviter toute erreur de diagnostic pour limiter la contamination. "Des gens qui perdent l'odorat, qui perdent le goût. Donc des gens qui viennent en ambulatoire en décrivant ces symptômes c'est un facteur de suspicion en plus. Voilà, ce n'est pas toujours très carré: fièvre, toux, syndrome grippal. Ça peut être plus insidieux et plus torpide que ça", indique Marie Vanhove, chef de service des urgences à l'hôpital de Braine-l'Alleud.
Le directeur médical nous montre ensuite le centre névralgique des urgences. Le personnel médical y multiplie les tests pour séparer les patients positifs des autres. "Ceux qui sont covid positif, donc qui ont des symptômes, qui ont un scanner positif et très parlant, sont mis dans une unité bien spécifique", explique Philippe El Haddad.
On est bien conscient qu'il va falloir tenir dans la durée et la longueur
Le service des urgences accueille actuellement 50 personnes par jour. "On est bien conscient qu'il va falloir tenir dans la durée et la longueur", commente brièvement Jean Bernard, infrimier chef du service des urgences de l'hôpital de Braine-l'Alleud.
Dans l’unité des soins intensifs de Braine-l’Alleud, la lutte contre le coronavirus se joue au cas par cas. "Nous avions récemment un patient avec une grosse atteinte cardiaque. Un jeune homme de 28 ans. Heureusement avec tous les soins que nous avons pu lui fournir il a pu s'en sortir. Mais c'est effectivement des choses qui nécessitent un suivi à tous les niveaux. Au niveau respiratoire, au niveau des autres organes, le cœur en particulier, mais aussi parfois les reins et le foie, qui peuvent également dysfonctionner", précise Daniel De Backer, chef du service des soins intensifs.
Moralement je ne peux pas dire qu'on est insensible
Notre équipe croise une femme hospitalisée depuis 12 jours. Elle est positive au covid-19. Sous assistance respiratoire, elle nécessite une attention de tous les instants. Son infirmière Fiorella reconnait vivre des moments difficiles. "Moralement je ne peux pas dire qu'on est insensible. Non. On y pense, on a peur, on a des familles. On a des gens de tous âges qui sont touchés. Contrairement à ce qu'on entend, non, il y a des gens jeunes. Donc oui, moralement ça nous atteint oui", confie Fiorella Sapiensa, infirmière aux soins intensifs.
Assurer la coordination avec tous les sites
A la mi-journée, Philippe retrouve en vidéoconférence les responsables de chaque site du CHIREC. Les hospitalisations s’accélèrent mais restent en deçà des prévisions.
Nous prenons ensuite la direction du site de Delta à Bruxelles, la principale structure du groupe hospitalier. A l’entrée, les familles qui viennent voir les patients sont contrôlées. C'est aussi le cas de Philippe El Haddad: température et taux d’oxygène dans le sang.
Le directeur nous montre alors une unité entièrement dédiée aux patients positifs au coronavirus. Soit 24 lits. Les hospitalisations durent de 7 à 14 jours. "Aujourd'hui, mais il faut être très prudent, au cours de ces 72 dernières heures, le nombre de patients positifs, clairement, est en diminution. Par contre, ce qu'on voit, c'est que les patients qui arrivent à l'hôpital avec un diagnostic suspecté ou confirmé de covid-19 sont plus gravement atteints. Donc on en hospitalise, mais on n'est pas en train d'exploser en termes de cas positifs ou en termes d'hospitalisation", indique Jean Gerain, responsable des maladies infectieuses du CHIREC.
Dans l’unité de soins intensifs pour le coronavirus, 11 des 18 lits sont occupés. Les médecins constatent une aggravation rapide des détresses respiratoires et ils doivent faire des choix pour les cas les plus critiques.
Un patient bénéficie par exemple d’une machine qui remplace ses poumons. "C'est une technique très coûteuse, donc il faut aussi avoir des patients sélectionnés. Ça nous permet de temporiser, le temps que les poumons guérissent, pour pouvoir gagner du temps", nous explique Antonella Cudia, médecin au service des soins intensifs.
Pour l’instant, le confinement semble avoir un effet sur la limitation des cas graves. Mais au CHIREC, tout est prêt pour ouvrir une nouvelle unité si nécessaire.
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