Accueil Actu Régions Liège

À Liège, la lutte contre le trafic de drogue cible désormais les consommateurs: "Ils sont prévenus bien avant la police"

Dans la rue du Pont, en plein centre de Liège, la police intensifie ses efforts pour endiguer un trafic de drogue omniprésent. Désormais, les consommateurs eux-mêmes sont visés, avec des amendes immédiates infligées sur place.

Située à deux pas de l'hôtel de ville de Liège, la rue du Pont est tristement célèbre pour son commerce de stupéfiants. Les deals se déroulent en plein jour, au vu et au su de tous. 

Orlane, une résidente de la rue, témoigne de la situation :"On en voit ici dans la rue toute la journée, à toute heure. Les dealers font leurs deals, proposent aussi de la drogue à tous les passants de manière tout à fait naturelle."

Un vendeur de cannabis admet dealer dans la rue car selon lui, il n'y pas de travail. Il affirme que dans la rue, on voit parfois jusqu’à 25 vendeurs en activité, issus de diverses nationalités.

La nuit, le trafic s’accompagne souvent de violences. Orlane décrit un quotidien marqué par "les bagarres et les cris qui durent parfois jusqu’à l’aube, ce qui n'est pas très sécurisant".

Une répression plus ciblée

Face à cette situation, le parquet de Liège a lancé une série d’opérations policières visant à frapper directement les consommateurs. 

Ces derniers, surpris en flagrant délit, doivent régler une amende sur-le-champ. Gilles De Villers Grand Champs, procureur de division au parquet de Liège, détaille les montants : "Quand on a jusque 3 grammes, on a une somme de 25 euros à payer. Si on va jusque 10 grammes, c’est 75 euros. Et si on a jusque 200 grammes, on est à 200 euros."

Ils sont tellement habitués qu’ils ont leur rabatteur

Le mois dernier, une vingtaine de clients ont été appréhendés dans la rue avec du cannabis en leur possession. Parmi eux figuraient des profils variés : étudiants, pères de famille et cadres. Tous ont préféré payer l’amende pour éviter des poursuites judiciaires.

Des mesures encore insuffisantes ?

Malgré ces actions, certains habitants restent sceptiques. Michel Dans, propriétaire d’un restaurant dans la rue, déplore l’ingéniosité des dealers pour échapper aux descentes de police :"Ils sont tellement habitués qu’ils ont leur rabatteur. Ils sont prévenus bien avant la police qu’il va arriver et donc ils s’enfuient."

De son côté, le procureur reconnaît que ce type de trafic a tendance à se déplacer lorsque la pression policière s’intensifie : "Il y a une volonté d’être très harcelant par rapport à ces personnes-là. Notamment dans d’autres quartiers de Liège, cette politique de tolérance zéro est envisagée."

Pour certains, une solution plus radicale pourrait résider dans la dépénalisation du cannabis. Une décision qui relève du fédéral et qui n’est pas à l’ordre du jour de la coalition Arizona. 

 

À lire aussi

Sélectionné pour vous