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L'Iran a lancé plus de 200 drones et missiles contre Israël dans la nuit de samedi à dimanche, en réponse à une frappe contre son consulat à Damas, la première attaque directe jamais menée par la République islamique contre le territoire israélien.
Dans le même temps, les alliés de l'Iran, le Hezbollah libanais et les rebelles yéménites houthis ont mené des attaques anti-israéliennes, le premier en tirant deux salves de roquettes en quelques heures sur le Golan occupé par Israël, et les seconds en lançant des drones en direction du territoire israélien.
Une réunion d'urgence du Conseil de sécurité est prévue dimanche, après que le chef de l'ONU, Antonio Guterres, a condamné "une grave escalade". Dimanche également, les dirigeants du G7 seront convoqués afin de coordonner une "réponse diplomatique unie" à l'attaque iranienne "éhontée", a annoncé le président américain Jo Biden, dans un communiqué.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dont l'armée est engagée dans une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, s'est entretenu au téléphone avec le président américain à l'issue d'une réunion du cabinet de guerre israélien, a indiqué le bureau du Premier ministre.
M. Biden a réitéré à cette occasion son soutien "inébranlable" au Premier ministre israélien.
Affirmant vers 03H20 locales (02H20 heure belge) dimanche que l'attaque iranienne était toujours en cours, l'armée israélienne a indiqué que l'Iran avait "lancé un essaim de 200 drones tueurs, des missiles balistiques et des missiles de croisière", dont "la grande majorité" a été interceptée.
"Des missiles iraniens sont tombés en territoire israélien, provoquant des dégâts mineurs sur une base militaire mais sans faire de victimes", a déclaré le porte-parole de l'armée, Daniel Hagari. De son côté, l'agence officielle iranienne Irna a fait état de "sérieux dégâts dans la plus importante base aérienne du Néguev (sud)".
Alors que l'Iran a demandé à Washington de "rester à l'écart" du conflit, les forces américaines présentes dans la région ont aidé Israël à abattre "presque tous" les drones et les missiles iraniens, a annoncé Joe Biden.
Cette attaque est une réponse à la frappe le 1er avril qui a détruit le consulat iranien à Damas et coûté la vie à deux hauts gradés des Gardiens, ont-ils précisé. L'Iran a accusé Israël de cette frappe, mais ce dernier n'a ni confirmé ni démenti.
Peu avant 02h00 dimanche matin (01h00 heure belge), une série de détonations a figé Jérusalem. Le ciel s'est piqué de lumières rouges et jaunes filmées par l'AFP, et par de nombreux habitants qui ont partagé les images sur les réseaux sociaux.
Des images saisissantes de projectiles frôlant l'emblématique coupole dorée du dôme du rocher, sur l'un sites les plus saints de l'Islam, au coeur de la vieille ville, font le tour des plateformes.
Les sirènes d'alerte ont retenti à Jérusalem, selon des journalistes de l'AFP, ainsi que dans la région du Néguev et dans le nord du pays.
Une heure environ après l'annonce du lancement de l'opération iranienne, baptisée "Promesse honnête", l'agence Irna a indiqué qu'"une première vague de missiles balistiques" avait été lancée "en profondeur" du territoire israélien.
"L'armée de l'air des Gardiens de la révolution a tiré des dizaines de missiles et de drones sur des cibles spécifiques", selon la télévision d'Etat citant les Gardiens, l'armée idéologique de l'Iran.
En annonçant l'attaque iranienne peu après 23H00 samedi (22H00 heure belge), le porte-parole de l'armée israélienne Daniel Hagari a affirmé: "nous surveillons de près les drones tueurs envoyés par l'Iran et en route vers Israël".
Il a dénoncé comme une "escalade dangereuse" cette "attaque directe lancée depuis le sol iranien".
D'autres "vagues de drones" visant Israël sont possibles, a prévenu un responsable militaire israélien. Israël a fermé son espace aérien dimanche à 00H30 locale (samedi à 21H30 GMT). Les écoles seront fermées dimanche, premier jour de la semaine en Israël, et lundi.
"Il s'agit d'un conflit entre l'Iran et le régime voyou israélien, dont les Etats-Unis DOIVENT RESTER À L'ECART!", a déclaré la mission iranienne à l'ONU dans un message posté sur X.
"L'affaire peut être considérée comme close. Toutefois, si le régime israélien commettait une nouvelle erreur, la réponse de l'Iran serait considérablement plus sévère", a-t-elle mis en garde.
Aux cris de "Mort à Israël", "Mort à l'Amérique", quelques milliers de personnes se sont rassemblées dans les principales villes d'Iran pour saluer l'attaque iranienne.
Juste après le début de l'opération, le compte X du guide suprême d'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, a publié un message affirmant: "le régime diabolique va être puni".
La Jordanie et le Liban, voisins d'Israël, ont annoncé la fermeture de leur espace aérien, de même que l'Irak, frontalier de l'Iran. Egalement voisine d'Israël, l'Egypte a annoncé la mise en état d'alerte maximal de ses défenses aériennes et mis en garde contre un "risque d'expansion régionale du conflit". L'Arabie Saoudite a pour sa part appelé toutes les parties à "la plus grande retenue".
Le gouvernement britannique a déclaré qu'il envoyait des avions de combat supplémentaires au Proche-Orient et qu'il intercepterait "toute attaque aérienne (...) si nécessaire".
La République islamique d'Iran, qui ne reconnaît pas l'existence d'Israël, est un allié du Hamas, auteur le 7 octobre d'une attaque sanglante sans précédent sur le sol israélien qui a provoqué une offensive israélienne dévastatrice à Gaza, où 33.686 personnes, essentiellement des civils, ont péri, selon les autorités du mouvement islamiste palestinien. Le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, est classé groupe terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.
L'armée israélienne a poursuivi sa guerre dans la bande de Gaza qu'elle assiège depuis le 9 octobre et dont la majorité des 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine selon l'ONU.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque dans le sud d'Israël, entraînant la mort de 1.170 personnes en majorité des civils, d'après un bilan établi par l'AFP à partir des données officielles. Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent détenues à Gaza dont 34 sont mortes d'après des responsables israéliens.