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Le jour de l'ouverture de la COP29 à Bakou, un classement des efforts climatiques des États bouleverse de nombreuses idées reçues. Découvrez quels pays se hissent en tête et lesquels ferment la marche.
Neuf ans après la signature historique de l'Accord de Paris, qui visait à limiter la hausse des températures mondiales à "bien en dessous de 2 °C d'ici 2100", un classement des efforts des États en matière climatique a été réalisé pour la première fois.
Ce palmarès, publié par GreenUnivers, met en lumière les pays qui ont réellement tenu leurs promesses et ceux qui sont restés à la traîne parmi les 23 nations les plus riches.
L'étude a été dirigée par le chercheur François Gemenne, de l'Observatoire Hugo (Université de Liège), en collaboration avec DPAM, un fonds de gestion belge.
Autriche, Allemagne et Suisse en tête
L'Autriche arrive en tête du classement, suivie par l'Allemagne et la Suisse. Ces résultats peuvent surprendre, car des pays souvent perçus comme des modèles en matière de transition écologique, tels que l'Islande, la Norvège, le Danemark et la Finlande, se retrouvent plutôt dans le "ventre mou" du classement. Ces nations se positionnent derrière des pays comme l'Espagne (5e) et la France (9e).
Sans grande surprise, le Canada et les États-Unis ferment la marche, avec des scores très faibles. Les États-Unis, en particulier, affichent le score le plus bas de tous les pays étudiés, étant 4,5 fois inférieur à celui de l'Autriche.
La Belgique, quant à elle, se situe très bas dans le classement, occupant la 5e place en partant du bas, avec un score de seulement 21,6 sur 100. Malgré ses ambitions affichées, la Belgique peine à concrétiser ses engagements en matière de lutte contre le changement climatique.
Une méthodologie innovante de l'Université de Liège
"Il nous a paru important de développer un score pour objectiver la trajectoire par rapport aux promesses, car il y a un vrai besoin de savoir où en sont précisément les différents pays dans ce domaine", explique François Gemenne, co-auteur du 6e rapport du GIEC et chercheur à l'Université de Liège.
La méthode retenue pour l'étude est innovante. Plutôt que de permettre une compensation entre bonnes et mauvaises performances, comme cela se fait habituellement avec une méthode dite "linéaire", l'équipe a adopté une approche "géométrique".
Cette méthode "pénalise les mauvais résultats", précise Aidan Geel, doctorant impliqué dans le projet. En d'autres termes, il est impossible d'obtenir un bon classement si un pays présente des performances médiocres dans l'un des domaines évalués.
Les critères utilisés pour évaluer les pays
Pour évaluer le respect des promesses climatiques, l'étude a pris en compte plusieurs critères clés :
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Réduction des émissions de gaz à effet de serre (9,3% de la note finale) : Mesure des progrès réalisés pour diminuer les émissions, en accord avec les objectifs de l'Accord de Paris.
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Transparence internationale (14% de la note finale): Engagement des pays à rendre des comptes au niveau international, notamment sur la manière dont ils atteignent leurs objectifs climatiques.
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Adaptation (10,9% de la note finale): Mesure des initiatives prises pour renforcer la résilience face aux effets du changement climatique.
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Moyens mis en œuvre (15,7% de la note finale): Quantification des ressources (financières, législatives, etc.) mobilisées pour atteindre les objectifs climatiques. "Le critère prend principalement en compte le soutien apporté aux pays en développement sous la forme de flux financiers, de transferts de technologies ou de projets", explique l'étude.
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Objectifs de "net zéro" (50% de la note finale) : Ambition et exhaustivité des engagements pris par les pays pour atteindre des émissions nulles d'ici 2030.
Ces critères sont essentiels pour évaluer le respect des promesses de l'Accord de Paris, qui inclut des obligations d'adaptation, de moyens mis en œuvre et de suivi de l'action.
L'Autriche s'est distinguée par sa performance sur presque tous les critères, ce qui lui a permis de se classer en première position. De son côté, l'Allemagne, malgré une note moyenne sur les émissions, a su compenser par ses efforts sur d'autres engagements.
À l'inverse, des pays comme le Danemark et l'Islande, bien classés sur les émissions, ont chuté dans le classement en raison de performances insuffisantes en matière de transparence ou de soutien aux pays en développement.
Des promesses loin d'être tenues
Malgré cette première évaluation comparative, le constat général reste mitigé : les promesses des pays sont loin d'être tenues, y compris parmi les meilleurs élèves.
Sur une échelle de 1 à 100, l'Autriche, qui arrive en tête, ne dépasse même pas la moitié du score maximal possible.
Ce classement intervient à un moment crucial, à l'approche de la COP29 qui se tiendra du 11 au 22 novembre à Bakou, alors que les pays doivent actualiser leur plan climatique d'ici février 2025.