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DeepSeek, le rival chinois de ChatGPT a surpris les analystes par sa capacité à égaler les performances de ses principaux concurrents américains, qui dominaient jusqu'à présent l'intelligence artificielle générative, pour une fraction de leurs coûts. Michel Herquet, spécialiste de l’IA, est venu en parler dans bel RTL Matin.
L'application DeepSeek a grimpé en tête des téléchargements sur l'App Store, fait plonger en Bourse le géant américain des puces spécialisées dans l'IA et suscité une vague d'avertissements de la Silicon Valley à la Maison Blanche. Michel Herquet, spécialiste de l’IA en Belgique, était l'invité de Martin Buxant dans bel RTL Matin. L'expert a notamment évoqué le partage de nos données après l'utilisation de cette application.
Ce qu'il faut savoir sur DeepSeek
DeepSeek a été conçu par une start-up éponyme, basée à Hangzhou (est de la Chine), une ville connue pour sa forte concentration d'entreprises technologiques.
Disponible en application ou sur ordinateur, l'agent conversationnel offre de nombreuses fonctionnalités similaires à celles de ses concurrents occidentaux: écrire des paroles de chansons, aider à affronter des situations de la vie quotidienne ou encore proposer une recette adaptée au contenu de son réfrigérateur.
DeepSeek peut communiquer dans plusieurs langues, mais a indiqué qu'il maîtrisait surtout l'anglais et le chinois. Toutefois, il partage les limites de nombreux chatbots chinois. Lorsqu'il est interrogé sur des sujets sensibles, comme par exemple le président Xi Jinping, il propose de "parler d'autre chose". Malgré cela, ses performances, qu'il s'agisse de rédiger du code complexe ou de résoudre des problèmes mathématiques difficiles, ont surpris les experts.
Peut-on faire confiance à 100% à une technologie chinoise, notamment en matière d’espionnage économique ?
"On ne peut jamais faire 100% confiance aux technologies", souligne Michel Herquet. "Dans ce cas-ci, si vous utilisez juste l’application DeepSeek, vos données vont naviguer vers des serveurs qui sont situés un peu partout, et en particulier en Chine. Ces données pourraient être exploitées en fonction des conditions d’utilisation, à différentes finalités."
Les modèles d'intelligence artificielle sont par ailleurs biaisés intentionnellement "pour respecter certaines valeurs". "Si on pose la question à DeepSeek, que s’est-il passé sur la place Tian'anmen ? Il va faire une réponse polie en disant qu’il ne peut pas vraiment répondre à ce type de question. (...) DeepSeek va véhiculer des valeurs chinoises. Mais tous les modèles (comme ChatGPT) sont biaisés. La question est de savoir biaisé par qui, et est-ce qu’ils sont biaisés intentionnellement ou par accident."
Où est la Belgique sur la carte de la tech ?
"On n’est pas si mal sur la carte de la tech", répond Michel Herquet. "On a plutôt de bons cerveaux. On a une bonne densité universitaire. On est capable de produire des experts en grand nombre. On a quelques sociétés qui, par exemple, au niveau du développement des applications et au niveau du déploiement, se défendent plutôt bien. Je suis plutôt positif, et optimiste, pour dire qu’on va être capable d’exploiter cette matière première."
La suite pour les moteurs d’intelligence artificielle ?
Les moteurs de recherche sont actuellement forts en langage, mais appréhendent encore assez mal le monde physique. "Ces modèles vont évoluer vers ce qu’on appelle le multimodal, c’est-à-dire non seulement du texte, mais aussi des images et une série d’autres données. Et notamment des données d’interactions avec le monde physique. C’est déjà en cours", indique Michel Herquet. "Toutes les sociétés sont en train de travailler sur ces modèles multimodaux. Ce n’est pas encore nécessairement utilisé par le grand public. Cela va certainement arriver dans un avenir proche. Pour les applications business, le texte reste la source de valeur la plus évidente à court terme."