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Nouvelles frappes israéliennes sur le Liban au lendemain d'une journée meurtrière

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Mahmoud ZAYYAT

Israël a mené mardi de nouvelles frappes contre des cibles du Hezbollah au Liban, après les bombardements qui ont fait plus de 550 morts la veille et font redouter un embrasement de la région près d'un an après le début de la guerre à Gaza.

La crainte d'une guerre à grande échelle au Proche-Orient va dominer l'Assemblée générale de l'ONU qui s'ouvre mardi à New York, au moment où l'escalade militaire ne cesse de s'aggraver entre l'armée israélienne et le Hezbollah, soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien.

Mardi, l'armée israélienne a annoncé avoir frappé "des dizaines de cibles du Hezbollah" dans le sud du Liban", et visé des infrastructures et des armements du mouvement islamiste.

Le Hezbollah a revendiqué des tirs de missiles Fadi 2 vers Israël et annoncé avoir visé des sites militaires proches d'Haïfa, la grande ville du nord, dont une "usine d'explosifs" à environ 60 kilomètres de la frontière libanaise, ainsi que la ville de Kiryat Shmona.

Les bombardements de lundi, d'une intensité sans précédent depuis le début des échanges de tirs à la frontière israélo-libanaise en octobre 2023, ont visé environ 1.600 cibles, selon l'armée, dans le sud du Liban et la vallée de la Békaa, dans l'est, des bastions du Hezbollah.

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Ibrahim AMRO

Ces frappes ont fait 558 morts, dont 50 enfants et 94 femmes, et 1.835 blessés, selon les autorités libanaises. L'armée israélienne a parlé d'un "grand nombre" de membres du Hezbollah tués.

Des dizaines de milliers de personnes, selon l'ONU, ont fui les zones bombardées, pour chercher refuge à Saïda, la plus grande ville du sud, ou à Beyrouth. D'autres ont pris le chemin de la Syrie.

Mardi, de longues files de voitures étaient bloquées sur la route menant vers la capitale. A Saïda, les gens formaient des files d'attente devant les stations-service et les boulangeries.

- "Jour de terreur" -

"C'était un jour de terreur", a raconté à l'AFP Thuraya Harb, une Libanaise de 41 ans réfugiée près de Beyrouth après un voyage de huit heures depuis Toul, son village du sud.

"Je ne voulais pas partir, mais les enfants avaient peur et nous sommes partis, sans rien d'autre que les habits que nous portons", a ajouté cette femme vêtue d'une longue robe noire, les cheveux recouverts d'un voile.

Le responsable d'un centre de santé à Saksakiyeh, près de Saïda, a décrit des scènes d'horreur.

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Il y avait "de nombreux morts: des enfants, des femmes, des personnes dont les membres, le nez ou la main avaient été arrachés, la tête cassée", d'autres qui étaient "éventrés", a déclaré le docteur Moussa Youssef, soulignant que "90 pour cent des blessés" arrivés au centre "étaient des enfants".

En une journée, l'armée israélienne a "neutralisé des dizaines de milliers de roquettes et de munitions", a affirmé le ministre de la Défense, Yoav Gallant, estimant que le Hezbollah vivait sa "semaine la plus difficile depuis sa création" en 1982.

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FADEL ITANI

Israël avait annoncé ces derniers jours que le centre de gravité de la guerre se déplaçait vers le nord du pays afin de permettre le retour de dizaines de milliers d'habitants déplacés.

Dans la ville portuaire d'Haïfa, survolée par les avions de combat, les écoles, les universités et les magasins sont restés fermés mardi, selon une journaliste de l'AFP.

Le Hezbollah a promis de son côté de continuer à attaquer Israël "jusqu'à la fin de l'agression à Gaza", où la guerre a été déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien. Depuis, les échanges de tirs n'ont pas cessé le long de la frontière nord d'Israël avec le Liban.

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Ces tirs ont gagné en intensité depuis la vague d'explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban, puis une frappe israélienne le 20 septembre sur la banlieue sud de Beyrouth qui tué 16 combattants de l'unité d'élite du mouvement dont son chef, Ibrahim Aqil.

- "Travailler à une désescalade" -

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Nalini LEPETIT-CHELLA, Paz PIZARRO

Alors que l'ONU a dit redouter "une catastrophe imminente" dans la région, le président américain Joe Biden, qui prononcera mardi son dernier discours à l'Assemblée générale, a réaffirmé "travailler à une désescalade".

Les Etats-Unis sont opposés à une invasion terrestre du Liban et vont présenter des "idées concrètes" à leurs partenaires cette semaine à l'ONU pour apaiser ce conflit, a confié un haut responsable américain.

Le nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian, a affirmé mardi sur CNN que le Hezbollah ne pouvait "pas rester seul" face à Israël. Il a ajouté que la communauté internationale "ne devait pas permettre que le Liban devienne un nouveau Gaza aux mains d'Israël".

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ANGELA WEISS

La France a demandé la convocation d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Liban tandis que l'Irak a demandé une "réunion urgente" des pays arabes en marge de l'Assemblée générale pour "stopper" Israël.

Malgré l'inquiétude générale, les deux camps comprennent les risques d'une guerre à grande échelle, estime l'analyste politique israélien Michael Horowitz.

"C'est une situation extrêmement dangereuse, mais, à mon sens, elle laisse encore la place à la diplomatie pour éviter le pire," a-t-il expliqué à l'AFP.

La guerre dans la bande de Gaza a éclaté le 7 octobre 2023, quand le Hamas a mené une attaque dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens qui inclut les otages morts ou tués en captivité à Gaza.

Sur les 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

Son armée a lancé une offensive sur la bande de Gaza, qui a fait jusqu'à présent 41.467 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU. Elle y a aussi provoqué un désastre humanitaire.

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