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Cinq mois seulement après l'adoption du pacte sur l'immigration, les leaders européens se penchent déjà sur un nouveau durcissement de la politique migratoire jeudi lors d'un sommet à Bruxelles.
Les expulsions de migrants en situation irrégulière "sont le chaînon manquant" de la politique migratoire européenne. "Nous devons sortir des sentiers battus", a plaidé le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis à son arrivée.
Les dirigeants européens doivent notamment débattre de la proposition inflammable de "hubs de retour", des transferts de migrants dans des centres d'accueil de pays tiers, comme commence à le faire l'Italie de Giorgia Meloni en Albanie.
Ces centres ne sont qu'une "goutte d'eau" et ne représentent "pas une solution" pour des "grands pays" comme l'Allemagne, a évacué le chancelier Olaf Scholz, en se présentant devant la presse.
L'Espagne s'y oppose, pendant que la France, prudente, invite à "favoriser les retours lorsque les conditions le permettent", "plutôt que d'organiser des retours dans des hubs en pays tiers", selon l'Elysée.
La discussion est "très vague et préliminaire", il n'y a "pas de plan" sur ces hubs, complète un diplomate européen, qui n'attend "pas de grandes décisions" de ce sommet.
A l'offensive, les Italiens ont organisé autour de Giorgia Meloni une réunion informelle pour promouvoir ces "solutions innovantes" contre l'immigration, avec une dizaine de pays dont les Pays-Bas, la Grèce, l'Autriche, la Pologne ou la Hongrie.
La Hongrie du nationaliste Viktor Orban est à la tête de la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne jusqu'à fin décembre et recevra le prochain sommet le 8 novembre à Budapest.
En mai, l'Union européenne a adopté le pacte migration et asile, censé entrer en vigueur mi-2026, avec un durcissement du "filtrage" aux frontières et un mécanisme de solidarité entre les 27 dans la prise en charge des demandeurs d'asile.
Des pays comme l'Allemagne et la France plaident pour accélérer sa mise en place.
- "Vers la droite" -
Et les questions migratoires reviennent bousculer l'agenda, poussées notamment par les partis d'extrême droite, en progression dans de nombreux pays d'Europe.
Certains dans l'UE "entendent ce que nous disons depuis des années", s'est réjouie la cheffe de file de l'extrême droite française Marine Le Pen, de passage à Bruxelles pour une réunion des Patriotes pour l'Europe, troisième force politique du Parlement européen après les élections de juin.
Plusieurs gouvernements ont haussé le ton et réclament de simplifier les règles en matière d'expulsion des migrants en situation irrégulière. Le "moteur franco-allemand pousse à agir", selon un diplomate européen.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est allée dans leur sens lundi dans une lettre aux 27. Elle propose une nouvelle loi qui réviserait la "directive retour" de 2008, afin de faciliter les reconductions aux frontières.
Une initiative similaire avait échoué en 2018, mais "six ans plus tard, le débat a évolué", "vers la droite" de l'échiquier politique, relève un responsable européen.
Ce durcissement du ton intervient alors que le nombre de passages clandestins détectés aux frontières de l'Union européenne a baissé de 42% sur les neuf premiers mois de 2024 comparé à la même période de l'année précédente, selon l'Agence européenne de surveillance des frontières Frontex.
Ce sommet a par ailleurs lieu dans une phase de transition à Bruxelles, où la nouvelle équipe de la Commission européenne devrait prendre ses fonctions début décembre.
Il est marqué par les difficultés de plusieurs leaders européens dans leurs pays, particulièrement d'Emmanuel Macron, affaibli par l'explosion des déficits en France et l'attelage fragile avec le nouveau Premier ministre Michel Barnier, issu de la droite et sans majorité à l'Assemblée nationale.
Le soutien à l'Ukraine, en présence de Volodymyr Zelensky, et l'appel à la désescalade au Proche-Orient sont les deux autres dossiers majeurs à l'ordre du jour du sommet européen jeudi.
Mais "la discussion la plus sensible" entre les Etats membres "sera certainement celle sur l'immigration", assure un haut responsable, qui redoute que les Européens ne parviennent pas à se mettre d'accord sur ce volet dans la déclaration finale.