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Yvan Verougstraete, député européen, était l'invité de 7h50 sur Bel RTL. Il a répondu aux questions de Martin Buxant à propos des ambitions d'annexions de Donald Trump. Selon lui, il est urgent que le continent se mobilise pour défendre ses intérêts économiques, politiques et géopolitiques.
Dans quelques jours, Donald Trump deviendra le 47ᵉ président des États-Unis, et ses ambitions d’annexion font déjà trembler le monde. Le Canada, le Groenland (territoire danois) et le canal de Panama sont dans sa ligne de mire. Lors d’une récente conférence de presse, Trump a même évoqué un recours à la force si nécessaire, provoquant indignation et inquiétude en Europe.
"Trump ne se cache même plus pour faire des menaces vis-à-vis de l’Europe", dénonce Yvan Verougstraete. Selon lui, ces déclarations ne peuvent rester sans réponse. "L’Europe doit se faire entendre de manière ferme. Nous parlons d’un territoire européen, et il est inacceptable qu’un futur président américain menace de l’annexer", ajoute-t-il.
Répondre avec force au "rapport de force"
Pour Yvan Verougstraete, il ne s’agit pas simplement de condamner les propos de Trump, mais de lui répondre sur son propre terrain. "Trump ne comprend que le rapport de force. Il faut arrêter de croire qu’on peut négocier gentiment avec lui. Ce qu’il faut, c’est lui dire ses quatre vérités et lui rappeler ce qu’il a à perdre à s’opposer à l’Europe".
Ce qu’il faut, c’est lui dire ses quatre vérités
Parmi les leviers que l’Europe peut mobiliser, le député cite les 300 milliards d’euros que l’Europe injecte chaque année dans les marchés financiers américains.
"Si Trump continue à nous menacer, nous pourrions envisager de limiter ces investissements ou de réduire nos achats de services américains. L’Europe est un marché de 450 millions de consommateurs riches et éduqués. Les Américains ont besoin de nous, et Trump ferait bien de le comprendre", affirme-t-il.
Elon Musk, un acteur clé dans la stratégie américaine
Le rôle d’Elon Musk dans la stratégie américaine est également pointé du doigt. Le patron de Tesla et SpaceX, allié de Trump, influence ouvertement les opinions européennes via son réseau social X.
"Musk pousse les pays européens à prendre des décisions favorables aux intérêts américains : remplacer leurs gouvernements, voter pour l’extrême droite, ou encore acheter des technologies américaines comme Starlink au lieu de soutenir des alternatives européennes", explique Verougstraete.
Selon lui, cette tactique s’inscrit dans une stratégie classique : "diviser pour mieux régner". Les divisions internes de l’Europe, notamment avec des pays comme l’Italie de Giorgia Meloni qui privilégient les partenariats américains, affaiblissent la capacité du continent à répondre de manière unifiée.
Construire une Europe plus autonome et stratégique
Pour Verougstraete, les menaces de Trump et l’influence de Musk doivent pousser l’Europe à réagir rapidement et efficacement. Cela passe par une réduction de sa dépendance envers les États-Unis, que ce soit dans le domaine de la défense, des technologies ou des matières premières.
"Nous avons besoin d’une Europe stratège et autonome", insiste-t-il. Cela implique d’investir massivement dans des projets industriels européens, notamment dans la défense et l’énergie. "Plutôt que d’acheter américain, utilisons nos ressources pour construire une industrie de défense européenne. Cela renforcera à la fois notre autonomie et notre économie".
Il appelle également à dépasser les blocages internes de l’Union européenne. "Si on n’y arrive pas à 27, il faudra envisager des coopérations renforcées entre un nombre réduit de pays, ceux qui ont la volonté d’avancer ensemble. Par exemple, sur l’énergie, des partenariats avec des pays comme la France, l’Espagne et le Portugal pourraient être un premier pas", explique le député.
Une réponse claire à Trump sur l’OTAN
Enfin, sur la question des dépenses de défense et des attentes de Trump concernant l’OTAN, Yvan Verougstraete est clair : "Nous devons investir davantage dans la défense, mais en Europe. Investir 2% ou 3% dans des capacités européennes rapportera beaucoup plus que d’envoyer cet argent aux États-Unis".
Pour lui, renforcer une défense européenne autonome est non seulement une nécessité stratégique, mais aussi un moyen de regagner une indépendance face à une Amérique de plus en plus dominatrice.
Nous sommes en temps de guerre
"Nous sommes en temps de guerre, qu’elle soit physique en Ukraine ou commerciale. Et face à cela, nous devons rester unis", conclut Yvan Verougstraete.
"Trump et Musk ne défendent pas les intérêts européens. Leur objectif est clair : 'America First'. À nous de répondre avec une Europe forte, ferme et stratège, capable de protéger ses citoyens et ses intérêts".