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Un violent incendie, probablement d'origine criminelle, a fait sept morts, dont trois enfants et un adolescent, dans la nuit de mercredi à jeudi dans un immeuble d'habitation du quartier des Moulins à Nice.
Le sinistre a ravagé un appartement du septième et dernier étage d'un immeuble de ce quartier populaire dans l'ouest de Nice, classé "politique de la ville" et gangréné par les trafics de stupéfiants.
Et le bilan est dramatique, malgré les 25 engins et 72 sapeurs pompiers engagés pour lutter contre le sinistre.
Trois enfants de 5, 7 et 10 ans et trois adultes ont trouvé la mort dans l'appartement, a déclaré le préfet des Alpes-Maritimes, Hugues Moutouh, et un adolescent de 17 ans est mort lui en se défenestrant pour tenter d'échapper aux flammes.
Un homme de 47 ans, qui a également sauté de l'appartement, est très grièvement blessé, a précisé le Préfet. Des voisins avaient placé des matelas pour tenter d'atténuer la violence des chutes, selon des témoins.
Deux autres personnes ont elles été hospitalisées en "urgence relative", selon les pompiers. Quatre policiers sont eux en état de choc après avoir assisté aux défenestrations.
"Je remercie les services de l'Etat et les secours pour leur action. Nos pensées vont aux proches des victimes", a déclaré le chef de l'Etat,
Emmanuel Macron, sur X (ex-Twitter), alors que le Premier ministre Gabriel Attal et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin étaient partis pour Nice, où ils sont attendus vers midi.
Appelés à 2h28 du matin, les pompiers sont arrivés sur place "extrêmement rapidement", "une dizaine de minutes plus tard", a assuré le procureur de Nice, Damien Martinelli. Ils ont secouru plusieurs personnes encore en vie dans l'appartement, avant d'évacuer à l'aide de trois grandes échelles la trentaine d'habitants des appartements du dessous.
"Il y a une pauvre famille innocente, exemplaire, qui a été victime d'une guerre qui n'est pas la leur", a, de son côté, déploré le maire de Nice, Christian Estrosi, alors qu'il se trouvait au pied de l'immeuble. Ce dernier a indiqué que tout serait mis en oeuvre pour arrêter les responsables. "Je sais que la détermination est grande. Et en ce qui me concerne, que non seulement les criminels, les barbares soient interpellés, mais qu'ils aient des sanctions exemplaires pour qu'on comprenne qu'ici la République doit l'emporter sur tout le reste."
Le feu parti du 2e étage
"On part sur un incendie criminel", a déclaré le procureur de Nice, Damien Martinelli, lors d'un point presse sur place: "Au regard des premiers éléments, j'ai ouvert une enquête pour des faits d'incendie volontaire ayant entraîné la mort", a précisé le magistrat, sans détailler ces éléments.
Selon le préfet, le feu serait parti du deuxième étage, dans les parties communes, et se serait propagé dans les étages par la cage d'escalier.
Les survivants de l'appartement dévasté ont raconté que la mère de cette famille d'origine comorienne les avait réveillés pour les conduire près de la fenêtre avant de repartir chercher les autres enfants et de disparaître dans les flammes, a raconté le préfet.
Selon Anthony Borré, premier adjoint au maire de Nice, les images des caméras de vidéosurveillance ont révélé la présence de "trois personnes cagoulées" sur les lieux au moment du départ du sinistre.
Sur place, jeudi matin, les deux fenêtres du dernier étage donnant sur la façade avant de l'immeuble étaient calcinées, tout comme le balcon du même appartement sur la façade arrière.
Les camions de pompiers qui se trouvaient encore sur place tôt dans la matinée ont peu à peu cédé la place à ceux des policiers venus enquêter, sous le regard des habitants de l'immeuble observant de leurs fenêtres, dans une odeur de brûlé persistante.
Seuls les habitants desservis par la cage d'escalier touchée ont été évacués. Au total, une quinzaine de familles ont été accueillies dans une salle municipale voisine, dans l'attente d'un relogement. L'immeuble où s'est déclaré le sinistre date de 1977 et avait fait l'objet d'un programme de rénovation au début des années 2000.
Ils ont détruit des familles
Assise sur un lit pliant, pendant que ses quatre filles de 4 à 10 ans dessinent avec des bénévoles de la Protection civile, Soibrata, qui habitait au 5e étage, a évoqué sa panique dans la nuit.
"J'ai entendu du bruit, j'ai vu des gens qui couraient dehors. Il y avait le feu dans la cage d'escalier, la fumée entrait sous la porte. J'ai réveillé les enfants, on a appelé les pompiers, ils nous ont dit de mettre des serviettes mouillées sous les portes et d'aller sur le balcon. Finalement, on a été évacués sur l'échelle, d'abord les filles et puis nous", raconte-t-elle.
Selon elle, comme selon d'autres habitants rencontrés au bas de l'immeuble, l'attente aurait duré beaucoup plus que 10 minutes. Plusieurs habitants ont raconté s'être relayés pour arroser les auvents et parasols des balcons afin d'éviter que les éléments tombant du balcon en flamme ne mettent le feu au reste du bâtiment.
"Ce qui est important c'est que ces criminels doivent être rattrapés le plus rapidement possible, qu'ils payent de ce qu'ils ont fait. Ils ont détruit des familles, ils ont détruit une communauté", déplore Nadjim Maecha, président de la communauté comorienne Nice Côte d'Azur, qui détaille un peu plus ce qui s'est passé.