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Plusieurs proches du président français, Emmanuel Macron, ont dîné ou rencontré des cadres du parti d’extrême droite RN en France ces derniers mois, notamment Marine Le Pen et Jordan Bardella.
L'affaire fait polémique en France. Des proches d'Emmanuel Macron ont dîné avec Marine Le Pen. L'ancien Premier ministre Édouard Philippe a même reconnu avoir effectué ce dîner. Question simple: pourquoi ce dîner?
Ces rencontres ont été organisées par un ancien conseiller d'Emmanuel Macron, Thierry Solère. Cet ex-député qui s'est mis en retrait de la vie politique, reste très influent et possède un carnet d'adresses impressionnant. Il fait partie, avec Édouard Philippe et le ministre de la Défense Sébastien Lecornu, des personnalités du parti Les Républicains, débauchées par Emmanuel Macron en 2017. Il restait très proche des deux hommes et téléphone quotidiennement à Édouard Philippe. Ces rencontres entre des personnalités macronistes et les deux leaders du Rassemblement national sont avérées, notamment parce qu'un soir tard, les voisins de Solère, qui habite une rue bobo du 9e arrondissement, ont appelé la police parce que deux voitures mal garées étaient en attente, moteurs tournants. Il s'agissait en fait de la voiture de Marine Le Pen et de celle de ses gardes du corps.
Quant au dîner entre Édouard Philippe et la cheffe du RN, il remonterait à décembre. L'ancien Premier ministre s'est justifié hier à la télévision en expliquant qu'il aimait bien rencontrer les gens directement. Et sa conversation avec Marine Le Pen aurait mis en évidence des différences irréconciliables dans leur programme.
Quant à Bardella, on l'aurait vu sortir de chez Solère le 12 juin après-midi, trois jours après la dissolution. À l'Élysée, on explique que Thierry Solère n'occupe plus aucune fonction et que le président n'était pas au courant de ces rencontres clandestines. Pourtant, Solère était présent au Palais le soir du premier tour, au sein de l'équipe qui analysait les résultats.
Alors, pourquoi ces liaisons dangereuses? Peut-être tout simplement pour s'informer, comme l'ont dit les protagonistes. Ça fait un peu naïf. Peut-être pour opérer un rapprochement politique. Mais, ça paraît impossible, tant les deux camps sont opposés.
Mais, c'est peut-être plus machiavélique. En fréquentant le RN, ces leaders macronistes le rendent fréquentable. Et parachèvent sa dédiabolisation. Avec en arrière-pensée l'idée de choisir leur adversaire principal, au détriment de Mélenchon. Comme en 1981, quand Chirac et Mitterrand avaient dîné secrètement pour organiser la défaite de Giscard, éliminer le président en fonction et se retrouver ensuite face à face pour les prochaines échéances.
La victoire de la gauche dimanche dernier a changé la donne. Et désormais, il est fort probable que ces jours-ci, d'autres convives partagent la soupe de Monsieur Solère.