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Au deuxième jour du procès de l'assassinat de deux membres du grand banditisme corse, en 2017 à l'aéroport de Bastia-Poretta, trois des principaux accusés ont retracé mardi à Aix-en-Provence, pour la première fois, leur vie et leurs pères assassinés, "piliers" de leur existence.
Le 5 décembre 2017, vers 11H20, Jean-Luc Codaccioni et Antoine Quilichini étaient les cibles de tirs sur le parking de l'aéroport de Bastia. Antoine Quilichini a été tué sur le coup et Jean-Luc Codaccioni, détenu de la prison de Borgo (Haute-Corse), de retour d'une permission à Paris, est décédé sept jours plus tard.
Selon l'accusation, l'objectif des principaux accusés de ce crime était de "venger les morts" de leurs pères, fondateurs de la "Brise de Mer" ou membres du banditisme insulaire, et de "faire renaître" cette bande criminelle corse historique.
Mardi, la cour d'assises des Bouches-du-Rhône s'est penchée sur les personnalités des accusés sans évoquer les faits.
Dans un palais de justice sous bonne garde, parmi les 14 accusés dont neuf sont détenus, Ange-Marie Michelosi, fils de Ange-Marie père, assassiné en juillet 2008 et présenté comme membre du banditisme de Corse-du-Sud, a déclaré mardi matin à la cour vouloir "prendre toutes (s)es responsabilités" dans ce procès. Pendant l'instruction, il avait refusé de répondre à la moindre question.
Celui qui a déjà été condamné quatre fois notamment pour trafic de stupéfiants, a décrit une "enfance joyeuse" dans un "foyer aimant" et comment l'assassinat de son père, avec qui il avait de "très bons rapports, presque fusionnels", a marqué un tournant: "C’est comme quand vous avez le soleil à son zénith et que d’un coup il fait nuit. Un basculement".
Il a rapporté les "menaces" dont il a été l'objet et "la vie de survie", "de totale clandestinité" dans laquelle il a plongé à la suite de cet assassinat et de celui en 2011 de sa tante Marie-Jeanne Bozzi.
- "Baron de je ne sais quoi" -
"Cette vie, je ne l’ai pas choisie", a-t-il assuré, reconnaissant "sans difficulté" avoir "pu percevoir de l’argent d'un trafic de stupéfiants" parce "qu’à un moment il faut vivre".
Si pour l'accusation, les victimes du double assassinat appartenaient au clan Germani, soupçonné d'être responsable de la mort de son père, Ange-Marie Michelosi ne veut "accuser personne" pour ne "pas refaire l'assassinat de mon père que la justice a décidé de clore".
Après avoir fait valoir son droit au silence pendant toute l'instruction, Richard Guazzelli, condamné à cinq reprises, a, à son tour, raconté longuement sa "famille très soudée" autour de "parents hyper protecteurs" et comment il a appris la mort de son père, son "repère", assassiné en novembre 2009.
Confiant "l'admiration débordante" qu'il éprouvait pour son frère cadet Christophe, et leur complicité fusionnelle, celui qui était l'enfant calme a assuré que son père était "l'homme fort, le pilier de cette famille et non pas le pilier de ce que j’ai pu lire", en référence à la bande criminelle de la Brise de Mer dont Francis Guazzelli est considéré comme l'un des fondateurs.
Son frère Christophe, présenté par l'accusation comme le chef de l'équipe criminelle de Bastia-Poretta et silencieux pendant l'enquête, niera aussi mardi après-midi que son père ait été le "pilier de quelque chose, le baron de je ne sais quoi".
"Mon père a disparu, ça arrive à beaucoup de monde mais moi, mon père, on me l’a pris", a insisté Richard Guazzelli.
Se présentant comme "la tornade" de son père, Christophe, lui-même père d'une fillette, a ensuite relaté, avec force larmes et voix tremblante, ses débuts de carrière footballistique qui lui ont permis de "rendre fier son père": "Le foot c'était qu’un moyen de vivre ma passion qui était mon père".
"Ce que je vous dis-là, je ne l’ai jamais dit à personne", a ajouté celui qui a déjà été condamné une fois, jugeant que c'était "l’heure d’avoir du courage".
"On a vengé nos pères", avait écrit juste après le double assassinat Christophe Guazzelli à Ange-Marie Michelosi, dans un message décrypté par les enquêteurs.
Le procès doit durer jusqu'au 5 juillet.