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Emmanuel Macron ne sera pas destitué. Mais avec la nomination de Michel Barnier à Matignon, le statut du président change. Il pourrait désormais se consacrer principalement aux questions de politique internationale.
Depuis son discours de politique générale mardi, le Premier ministre Michel Barnier a clairement pris les choses en main. Même si le Nouveau Front populaire a toujours l'intention de déposer une motion de censure à son encontre, elle ne sera pas votée puisque le Rassemblement national a déjà dit qu'il ne la rejoindrait pas.
Or, sans l'appui des lepénistes, la gauche ne pourra pas réunir une majorité contre le gouvernement. Par ailleurs, selon un sondage publié par BFMTV, 62% des Français ne souhaitent pas que le gouvernement soit renversé.
Le Premier ministre a donc réussi son premier examen de passage. Le second, ce sera le 8 octobre avec la présentation du budget. Un budget d'austérité pour lequel il va falloir trouver plusieurs milliards d'économies et donc prendre des mesures impopulaires. La première annoncée ce mercredi, le report de l'indexation des pensions de janvier à juillet a déjà provoqué la déception des retraités.
Or, ils forment une partie non-négligeable de l'électorat de centre-droit. Et pendant ce temps, que fait le président? Il voyage. Mercredi, lors d'un forum sur l'avenir de l'Europe organisé à Berlin, il a déclaré: "Pour moi, la première priorité est l'échelle européenne. C'est là qu'on peut débloquer beaucoup de croissance et de potentiel."
Il bénéficie sur ce terrain-là d'un avantage: en France, c'est le président et pas le Premier ministre qui participe au sommet européen. Et il n'y a qu'une chaise, par pays, autour de la table. Par ailleurs, la gravité de la situation internationale le propulse automatiquement sur le devant de la scène en tant que chef des armées.
Il a déjà réuni un conseil de défense et la France a fait appareiller depuis Toulon un porte-hélicoptère chargé, le cas échéant, de rapatrier les Français du Liban. Par ailleurs, il semblerait, mais là rien n'est sûr, que la France ait participé mardi avec les États-Unis à la neutralisation d'une partie des missiles envoyés sur Israël depuis l'Iran.
Enfin, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a repris le chemin de Beyrouth où il se trouvait déjà il y a quelques jours. La France, ancienne puissance mandataire, reste très proche du Liban. Et le président s'y intéresse beaucoup, même si l'influence française n'est plus celle d'autrefois.
On le voit, la répartition des tâches se met en place conformément à l'esprit de la Constitution. À Barnier, l'intérieur, à Macron, l'extérieur.