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En France, comme en Belgique, d'ailleurs, bien des agriculteurs s'élèvent contre les accords dits du Mercosur. Entre l'Europe et l'Amérique du Sud, Emmanuel Macron a promis qu'il ne le signerait pas. Mais que contient réellement cet accord ? Les craintes des agriculteurs sont-elles fondées?
Il avait l'air très sûr de lui, Emmanuel Macron, dimanche, quand il a déclaré depuis Buenos Aires que la France ne signera pas en l'état ce traité Mercosur. La France s'oppose à cet accord. Oui, mais le problème, c'est que personne ne demande à la France de le signer, pas plus à la Belgique, à l'Allemagne et à tous les autres. En fait, c'est la Commission européenne qui négocie pour tous en vertu des traités de l'Union européenne. Elle a reçu un mandat pour le faire il y a déjà bien longtemps.
La présidente Ursula von der Leyen a déclaré que les négociations sont dans la dernière ligne droite et qu'elle mettra bientôt le projet sur la table du Conseil de l'Union. C'est lors de cette dernière étape que la France entend agir. Mais voilà, ce traité que certains surnomment "bœuf contre voiture" est souhaité par de nombreux pays européens, dont l'Allemagne, qui espère de nouveaux débouchés pour ses industries automobiles et chimiques.
En France même, tout le monde n'y est pas opposé. Peugeot, par exemple, est implanté en Argentine depuis longtemps et espère une baisse des prix de ses voitures sur ce grand marché qui regroupe l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay et la Bolivie, soit près de 300 millions de consommateurs. Les producteurs de vin et de spiritueux français sont aussi de gens qui ont de grands espoirs.
Un steak par an
En contrepartie, les Européens ouvriraient leurs marchés agricoles, mais dans des proportions très limitées. Ainsi, pour la viande bovine, le bœuf argentin ou brésilien ne représenterait qu'environ 1% de la consommation de l'Union, soit un steak par an pour chaque Européen. En fait, les agriculteurs prennent prétexte de cet accord pour mettre sur la table tous les problèmes qu'ils rencontrent, et notamment les questions de prix trop faibles et de réglementation écologique qui leur imposent des contraintes que ne connaissent pas les Sud-Américains.
Alors, ce traité sera-t-il signé ou pas ? Sur le volet politique, pas sûr, il faut l'unanimité, mais sur le volet commercial, le vote majoritaire suffit. L'accord peut passer s'il obtient l'assentiment de 55% des pays membres, soit 15 États. Bien sûr, la France va peser de tout son poids pour empêcher ce vote. Elle a des alliés comme l'Italie, mais ça ne suffit pas. Sa diplomatie s'active, mais elle n'a plus l'influence d'autrefois. Elle est loin, l'époque de Jacques Delors.
Une chose est sûre, cette crise autour du Mercosur marque la fin d'une époque. Lors du début des négociations, en 1999, la mode était à une mondialisation heureuse, menée par le libre-échange et l'ouverture des frontières. Au temps de Donald Trump et de Viktor Orbán, la mode a changé.