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Les licenciés du Club Lepic Abbesses Pétanque (Clap), qui refusent de quitter le terrain qu'ils occupent depuis un demi-siècle à Montmartre en dépit d'une décision du Conseil d'Etat, seront expulsés si la médiation avec la mairie de Paris est infructueuse, a indiqué jeudi la préfecture de police.
"Si la médiation proposée n'aboutit pas, le concours de la force publique sera accordé pour cette expulsion", a dit la sous-préfète Elise Lavielle lors d'un débat sur le sujet au Conseil de Paris.
Selon la directrice adjointe de cabinet du préfet Laurent Nuñez, ce dernier veut mener l'éventuelle expulsion "dans un climat le plus apaisé et selon les modalités les plus apaisées possibles".
Depuis le 19 avril, certains des 300 licenciés du Clap se relaient jour et nuit, dormant dans des tentes, pour empêcher leur expulsion du terrain de pétanque, un espace vert protégé niché au cœur de la butte, sur la très chic avenue Junot.
La mairie, propriétaire du terrain, a pourtant obtenu gain de cause auprès du Conseil d'Etat. Elle veut récupérer ce boulodrome, que le club "occupe sans droit ni titre" depuis 1971, fait-elle valoir, pour en faire un "espace vert accessible" aux Parisiens qui "en ont été trop longtemps privés".
En juillet 2023, les élus parisiens, divisés sur le sujet, ont confié pour douze ans cette parcelle à l'hôtel de standing mitoyen, qui s'est engagé à verser une redevance annuelle de 60.000 euros, la végétaliser et l'ouvrir au grand public.
Depuis avril, la situation est donc bloquée et "on se retrouve avec une ZAD (zone à défendre) à Montmartre, à quelques semaines des Jeux olympiques", a fustigé en séance l'élu écologiste Emile Meunier, dont le groupe, allié indocile de la maire PS Anne Hidalgo, soutient le club.
"Quelle image donnerait-on en expulsant un club de boulistes, le premier club de Paris ?", a abondé Pierre-Yves Bournazel (Horizons), autre élu du 18e arrondissement qui soutient les "Clapistes".
Le premier adjoint Emmanuel Grégoire a réclamé "un peu d'apaisement" en soulignant une "tentative d'incendie criminel ce week-end" dans la parcelle de l'hôtel voisin.
"A quel moment considère-t-on qu'un incendie criminel fait partie du champ d'actions militantes et revendicatives?", a-t-il demandé.
Sollicité, le parquet de Paris a indiqué que le feu qui s’est déclaré à proximité immédiate de l’Hôtel Particulier samedi lui avait été signalé.
Une enquête pour harcèlement et dégradation par moyen dangereux a été confiée au commissariat du 18e arrondissement, en raison du litige opposant les riverains, afin d’éclaircir les circonstances dans lesquelles les faits ont pu advenir, et s’ils recouvrent une qualification pénale, selon le parquet.