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Araignées, confinement, peur du vide...: d'où viennent vos phobies?

Avec l'arrivée d'Halloween, nos plus grandes peurs prennent forme : les araignées, les clowns, les fantômes... Bien que nous ayons tous, ou presque, peur de quelque chose, pour certains, cette peur devient une véritable angoisse. Mais qu'est-ce qui différencie une phobie d'une peur normale, et pourquoi en développons-nous ?

Les phobies sont parmi les troubles psychologiques les plus courants, aux côtés des dépressions et des troubles liés à l'usage de l'alcool. Il s'agit de peurs irrationnelles et souvent incontrôlables.

Comme l'explique Annette Fréjaville dans "La phobie dans tous ses états", la phobie est une "peur d’une perception" qui, bien que non fondée, est ressentie comme une menace.

Contrairement à une peur ordinaire, la phobie est "rationnellement injustifiée" et entraîne des comportements d’évitement.

Origines des phobies

Les phobies peuvent se développer pour diverses raisons complexes. Elles sont souvent liées à des expériences traumatisantes survenues dans l'enfance. Par exemple, une morsure de chien peut déclencher une cynophobie (peur des chiens).

Mais un traumatisme réel n’est pas toujours nécessaire. Parfois, une peur imaginaire ou anticipée peut suffire à créer une phobie. L'inconscient joue également un rôle dans la formation des phobies.

Comme l'explique Paul Denis, psychanalyste, dans son livre "la phobie est en chacun de nous", c'est "un mécanisme normal de notre enfance : nous avons tous été phobiques, que ce soit de l’obscurité, du loup, des fourmis…".

Selon les théories psychanalytiques, elles sont un mécanisme de défense. Elles permettent de détourner des angoisses profondes sur un objet ou une situation plus "gérable" pour l'esprit.

L'environnement familial et l’éducation sont aussi des facteurs déterminants. Un parent phobique peut transmettre ses peurs à ses enfants, soit en exprimant directement ses angoisses, soit de manière indirecte, par son comportement.

Un mécanisme de survie exagéré ?

Les scientifiques ont également découvert que les circuits cérébraux associés aux émotions, en particulier la peur, jouent un rôle central dans le développement des phobies. Des dysfonctionnements au niveau de l'amygdale pourraient expliquer la tendance à développer une anxiété excessive et des phobies.

D'un point de vue évolutif, la peur est un mécanisme de survie indispensable. Elle nous aide à éviter les dangers potentiels, comme les hauteurs ou les animaux venimeux.

Les phobies peuvent être perçues comme une amplification de cette réaction de survie. Alors que la peur de tomber ou des serpents est présente naturellement chez la plupart des gens, les phobies poussent ces peurs à l'extrême.

Qu'est-ce qu'une phobie ?

Une phobie est une réaction excessive face à un stimulus qui, dans la réalité, ne représente pas de menace véritable. Ce stimulus peut être un objet, une situation ou même un environnement comme le vent ou l'eau.

Alors qu'une peur est une émotion passagère et proportionnée à une situation perçue comme dangereuse, la phobie persiste dans le temps et s'aggrave souvent sans traitement. Selon le "Manuel de Psychiatrie" de Julien-Daniel Guelfi, Frédéric Rouillon et Luc Mallet, une personne atteinte de phobie éprouve une peur intense, parfois jusqu’à l’attaque de panique.

Cette peur est systématiquement déclenchée en présence de l’objet ou de la situation redoutée. Le manuel souligne que la phobie est incontrôlable et entraîne des évitements fréquents. Bien que les phobies ne mettent généralement pas la vie en danger, elles peuvent sérieusement dégrader la qualité de vie de ceux qui en souffrent.

Les types de phobies

Les phobies sont classées en trois grandes catégories selon le DSM-5 (le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux):

  • Phobies spécifiques : Ces phobies sont dirigées vers des objets précis, comme des animaux (serpents, insectes), des phénomènes naturels (l'eau, les orages) ou des situations médicales (sang, blessures). Elles sont souvent gérables si l'évitement est possible.
  • Phobie sociale : Il s'agit de la peur intense du jugement ou du regard d’autrui. Cette phobie est plus difficile à vivre, car elle isole socialement les personnes qui en sont atteintes, limitant leurs interactions sociales essentielles.
  • Agoraphobie : Cette forme est liée à la peur de ressentir un malaise dans des lieux où il serait difficile de s'échapper, comme des espaces publics. Elle peut être extrêmement invalidante et réduire considérablement l’autonomie de la personne.

Peut-on surmonter une phobie ?

Il est possible de se débarrasser d’une phobie. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est le traitement le plus efficace. Elle consiste à exposer progressivement la personne à l’objet de sa peur dans un cadre sécurisé.

Des techniques de relaxation et de gestion de l'anxiété peuvent également aider. Dans certains cas, des médicaments peuvent être prescrits pour diminuer les symptômes d'anxiété.

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