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No Format!, label musical qui cultive l'aventure et l'insolite

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Miguel MEDINA

Enlacement des cordes du violoncelle de Vincent Segal et de la kora du Malien Ballaké Sissoko, l'Anglais Piers Faccini entre folk, musique mandingue et chanson napolitaine... Ces croisements insolites sont la marque de fabrique du label No Format!, qui fête ses vingt ans.

"Notre philosophie, c'est d'amener les artistes vers d'autres domaines que les leurs et les faire sortir de leur zone de confort", affirme à l'AFP Laurent Bizot, le créateur de cette maison d'édition.

Pour cet anniversaire, il a imaginé une journée pleine de surprises, le 28 septembre, dans et autour du Théatre Silvia Monfort à Paris.

L'après-midi, plusieurs artistes du label se produiront en duo avec des danseurs, comédiens ou circassiens dans le parc Georges-Brassens, où le théâtre est installé. Le soir, sur scène, Vincent Segal, qui en est l'un des fers de lance, recevra des invités dans le cadre d'une carte blanche.

Huit autres villes, dont Bordeaux, Lyon et Nancy, doivent accueillir à partir du 26 septembre un autre spectacle. Avec, sur des musiques du groupe électro acoustique Asynchrone, les voix de Piers Faccini ou Lucas Santtana, piliers du label, et Natascha Rogers, plus récente découverte.

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TIMOTHY A. CLARY

Un livre, "2004 - 2024", revient sur l'histoire de No Format! à travers témoignages et reproductions d'oeuvres d'art graphique. "No Format! Remixed (2004-2024)", un disque de remixes inédits de dix titres du label, vient de paraître.

No Format! naît en mai 2004 de la volonté d'un jeune homme âgé de 31 ans, ayant déjà un pied dans l'industrie musicale en qualité de juriste pour Universal.

Le jour de son lancement sortent simultanément trois disques. "Je voulais montrer la multiplicité des directions du label", confie Laurent Bizot, qui "travaille sur des esthétiques complexes, mutiples" et refuse d'être classé "musiques du monde".

- Salif Keita, intime -

Se côtoient en effet dans son catalogue des artistes d'horizons et d'univers musicaux divers, allant des mélodies minimalistes et oniriques du pianiste japonais Koki Nakano à la musique camerounaise mêlée de blues et de dixieland de Blick Bassy, en passant par le flow du rappeur Rocé.

Ses premières productions coûtent peu cher. "Gérald Toto, Pascal Lokua Kanza et Richard Bona, pour l'album +Toto Bona Lokua+, ne sont restés que quatre jours en studio, Nicolas Repac a tout fait de chez lui", se souvient Laurent Bizot.

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TIMOTHY A. CLARY

No Format! va grandir vite, passant du bricolage au savoir-faire. "Le premier album un peu plus produit a été le deuxième de Mamani Keita en 2008", se remémore celui qui est aujourd'hui à la tête d'une structure de cinq salariés.

"Je suis fier d'être parvenu jusqu'à maintenant, sans aucune compromission, à allier une espèce d'utopie artistique et un certain réalisme économique".

Dans un marché du disque de plus en plus déprimé, son label tire son épingle du jeu grâce notamment à la diversité de son catalogue, fort d'une soixantaine d'albums, immédiatement identifiables grâce à une charte graphique signée avec Jérôme Witz, qui en habille toutes les pochettes.

Intuitif et dénicheur de talents, Laurent Bizot réussit aussi parfois à convaincre des artistes connus de s'exprimer chez lui dans un format inhabituel. Comme Salif Keita.

"Salif a fait beaucoup d'albums très produits, c'est souvent très luxuriant. Moi, j'adore l'entendre à Bamako seul avec sa guitare", raconte-t-il. "Dans son esprit, c'est pas pour le public, c'est pour lui, c'est pas assez bien, c'est pauvre".

Laurent Bizot a fini par convaincre le chanteur mandingue du contraire. L'album intime de l'une des grandes voix d'Afrique de l'Ouest, qui s'annonce comme un événement dans le domaine de la world music, paraîtra en 2025.

D'ici là, le patron de No Format! aura regagné Johannesbourg, où il a mis le cap depuis six ans. "J'avais besoin d'une nouvelle énergie, d'un sang nouveau, de nouvelles rencontres", affirme cet homme toujours "aux aguets".

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