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Avec "Tenir debout", son huitième roman en seulement cinq ans, Mélissa Da Costa continue de toucher les lecteurs par ses récits poignants et sincères. Elle revient sur son processus créatif, l’inspiration derrière ses personnages, et le succès impressionnant de ses ouvrages.
RTL info : Huit romans en cinq ans, comment faites-vous ?
Mélissa Da Costa : J'écris énormément depuis que je suis petite. Deux des romans qui sont parus étaient déjà écrits avant, ce qui m'a permis d'enchaîner les publications. D'ailleurs, le prochain est déjà terminé et je travaille déjà sur le suivant.
Lorsque vous commencez un livre, qu'est-ce qui vient en premier : l'idée, le personnage, ou le sentiment que vous voulez explorer ?
Cela dépend des romans, ce n'est jamais la même histoire. Pour "Tenir debout", l'idée est née alors que je corrigeais l'un de mes précédents romans "Les douleurs fantômes", où la thématique du handicap était abordée de façon superficielle au sein d'un couple. J’ai eu comme une révélation : il fallait que j'en fasse un sujet à part entière.
Dans "Tenir debout", François, un comédien charmeur, décide de partir vivre avec sa maîtresse Eléonore, qui a 20 ans de moins que lui. Et juste avant d'emménager, il a un accident de moto et devient paraplégique. Comment avez-vous construit cette histoire autour de lui et d'Éléonore, sa maitresse ?
Je voulais être au plus près des pensées intimes et de l'intériorité des personnages. D’un côté, François, qui voit son identité se briser avec la perte de son corps tel qu'il le connaissait. De l'autre, Éléonore, à qui l’on porte souvent moins d'attention, mais qui, comme tout aidant, souffre aussi énormément, bien que différemment.
Vous écrivez : "Quand on dit je t'aime, on ne mesure pas ce que ça signifie". Ça pose la question de savoir qui on aime finalement ?
Complètement. Leur couple était en plein dans la phase passionnelle quand l'accident survient. Éléonore aimait une version idéalisée de François, le comédien fantasque. Après l’accident, elle doit réapprendre à connaître cet homme, désormais immobilisé, cloué dans un lit puis dans un fauteuil roulant. Tandis que lui se demande s'il aurait eu la force de rester à sa place. C’est une redéfinition de l’amour et de la passion qui évolue tout au long du roman.
Pourquoi avoir dédié ce livre à Yann et Pauline ?
Ils m’ont beaucoup inspirée pour décrire le quotidien d’un couple où l’un est valide et l’autre non. J’avais de la documentation médicale, mais il me manquait le vécu personnel. Yann, paraplégique, et sa compagne Pauline m’ont permis de mieux comprendre les défis émotionnels et physiques qu'ils rencontrent chaque jour.
Vous décrivez le quotidien aussi de manière très cash, crue et parfois explicite. Certains personnages, comme François ou Éléonore, peuvent nous énerver à certains moments, mais restent profondément attachants. Vous ressentez la même chose en les écrivant ?
Oui, j’aime les personnages vrais, avec leurs défauts et contradictions. Je n'aime pas les personnages trop lisses. François est parfois détestable, enfermé dans sa violence et son rejet. Éléonore, de son côté, peut agacer par son sacrifice et sa soumission. Mais en fait, ils se réinventent en permanence, comme nous tous dans la vie.
Vous avez vendu plus de 3 millions de livres. Est-ce que ce succès vous encombre parfois ?
Ce qui compte pour moi, ce n'est pas le nombre de livres vendus, mais ce qu’il se passe quand un lecteur prend mon livre entre ses mains. Ce qui me touche, c’est lorsque des gens viennent me dire que mes livres ont changé leur vie, les ont aidés à traverser des périodes difficiles. C'est ça qui a de la valeur à mes yeux.
Et si ce succès n’était pas arrivé, qu'auriez-vous fait ?
Je continuerais probablement à écrire, comme je l’ai toujours fait. Avant, j’écrivais en plus d'un travail à plein temps. L’écriture est une passion, et elle serait toujours là quoi qu'il arrive.