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Cela fait deux ans que je teste tous les premiers modèles 100% électriques des constructeurs, disponibles en Belgique. Et souvent, je fais ce constat amer: ce sont des voitures puissantes, luxueuses, lourdes et donc… très chères. L'une d'elles faisait exception: l'ID 3 de Volkswagen, avec ses 36.000€ et ses 420 km d'autonomie.
Cet été, j'ai essayé un modèle très exotique: la U5 de Aiways. Vous n'en avez jamais entendu parler, et c'est normal: il s'agit d'une start-up chinoise fondée par deux entrepreneurs en 2017. Relativement indépendante, ce n'est pas un mastodonte tel que le groupe Geely (qui détient Volvo en plus de nombreuses marques chinoises). Mais Aiways compte dès le départ des ingénieurs expérimentés de grands groupes automobiles européens, m'a-t-on confié.
Fait étonnant: les voitures Aiways sont 100% chinoises, mais plutôt destinées au marché européen (voitures plus grandes qu'en Chine), m'a dit le responsable pour le développement de la marque, au sein du groupe Cardoen. Oui, Cardoen, les supermarchés de la voiture quasi neuve ou d'occasion, très populaires en Flandre, et où vous pouvez choisir une voiture disponible (multi marques) et partir avec. L'entreprise belge a fait un deal avec Aiways: elle cherchait à proposer des voitures électriques à ses clients, avec son habituel 'bon rapport qualité-prix' ; Aiways cherchait à se développer en Europe, et c'est plus simple de passer par un réseau existant que de créer le sien. En contrepartie, Cardoen a dû adapter ses zones d'entretien automobile adjacentes au show-room, et former ses employés à toucher de telles voitures électriques.
Une formule win-win, finalement, et qui a du sens pour le consommateur. Après une semaine de test, je me dis qu'enfin, il existe des voitures électriques familiales affichant des prix similaires aux thermiques. Puisse l'arrivée d'Aiways tirer tous les prix vers le bas !
A taille équivalente, la moitié du prix
La U5 de Aiways a un prix de base d'environ 36.000 euros en Belgique. Ce n'est pas le modèle que vous voyez sur les photos (Premium à environ 39.000 euros), mais le modèle Standard, qui fait juste l'impasse sur le cuir, le toit-ouvrant, le coffre électrique, les jantes 19" et d'autres détails.
La capacité de la batterie (63 kWh) et la puissance (201 chevaux) sont identiques sur les deux modèles. Ce n'est pas ce qui se fait de mieux (la Volvo XC40 Twin Pure Electric que j'ai testée récemment développait 408 chevaux avec une batterie de 78 kWh), mais cette sobriété permet de parcourir 400 km selon les normes WLTP. Vu le poids de 1720 kg, c'est pas mal.
Tout ça pour dire que comparée à l'Audi e-tron (117.000€), la Mercedes EQC (80.000€) et la Volvo XC40 (70.000€), qui sont aussi des voitures de grand format et de type SUV, la U5 Aiways à 36.000 euros est vraiment, vraiment bon marché.
A quoi s'attendre pour 36.000€ ?
La U5 d'Aiways est donc une grande voiture (4,6 m sur 1,8 m, pour 1,7 m de hauteur), qu'on peut qualifier de SUV luxueux, car elle est un peu surélevée, car il y a de nombreuses options de base. Elle est très spacieuse à l'arrière, et le coffre est agréable. Cependant, si on laisse le cache-coffre, et vu son seuil surélevé, on ne sait plus y mettre grand-chose.
Il y a même un cruise control adaptatif qui semble complet mais qui beep un peu trop vite avec des messages pas toujours clairs :
Le confort intérieur est d'un niveau satisfaisant, mais 'moyen de gamme' pour l'Europe. Son design est exotique, comme c'est souvent le cas pour les voitures électriques (songez à l'ID 3 ou l'e-tron). Fait amusant: les poignées invisibles se lèvent toutes seules quand on s'approche de la voiture avec la clé.
Contrairement aux voitures concurrentes mentionnées ci-dessus, la U5 n'a que deux roues motrices et donc un seul moteur. Elle est moins puissante et moins agile. Pour autant, il n'y a aucun problème pour dépasser et quand on appuie plus fort sur la pédale de droite, c'est réactif (mais moins que les autres, forcément). D'ailleurs, le 0 à 100 km/h est de 7,5 secondes selon Aiways. Ce qui, à mes yeux, n'est pas un problème: je n'achèterais pas une voiture électrique pour faire des burn out et des donuts, mais plutôt pour optimiser ma consommation afin de ne pas devoir trouver une borne de recharge trop souvent.
L'autonomie maximale théorique est de 400 km, ce qui est dans la moyenne actuellement, même pour les voitures luxueuses citées ci-dessus. Et vu la puissance limitée du moteur, en mode Eco (pédale d'accélération moins sensible), ce sont 400 "vrais" kilomètres. Je veux dire par là: en quittant le garage Cardoen pour rentrer chez moi (environ 80 km d'autoroutes chargées), je suis passé de 400 km à 315 km. Pas de mauvaises surprises comme j'ai déjà pu en avoir, avec des conditions météos d'un été belge (18 degrés). Bref, la jauge d'autonomie était fiable, et j'ai donc osé la ramener à Anvers avec 50 km restants. La puissance de charge n'est pas au top (maximum 90 kW, au lieu de 150 kW pour les modèles cités), mais vu le peu de bornes rapides en Belgique, si vous en trouvez une de 50 kW, c'est déjà pas mal, arrêtez-vous…
Une charge au Lidl du coin, la seule "rapide" de la région...
Il y a forcément des (petits) défauts
Même si Aiways est une voiture exotique, vu que vous pouvez vous rendre dans n'importe quel Cardoen (16 en Belgique dont Charleroi, Tournai, Hal, Liège, Mons, Namur, Zaventem), entretenir son U5 n'est pas plus compliqué qu'une autre voiture électrique. En cas de souci, il y a une assistance gratuite et spécifique (camion de dépannage compatible) prévue par Cardoen. Malgré tout, on n'est pas aussi rassuré qu'avec une Audi, BMW, Mercedes ou Volvo, qui ont de grands réseaux de vente/entretien dans toute l'Europe, et une image de marque/confiance optimale.
J'ai trouvé la suspension un peu dure. Le confort sur les routes légèrement accidentées s'en ressent…
Le "One Pedal Drive" n'est pas du niveau de la concurrence européenne. Il s'agit du fait de conduire (quasiment) exclusivement avec la pédale d'accélération: le système de récupération d'énergie s'active plus ou moins quand vous relâchez la pédale de droite, et donc vous "freinez" en levant le pied. Sur l'Aiways U5, ça manque de souplesse. La récupération d'énergie s'active ou se désactive un peu trop brutalement, et donc on conduit avec des à coups lorsque, par exemple, on approche un rond-point ou un feu rouge, ou quand la circulation ralentit sur autoroute.
La finition n'est pas au niveau des marques européennes premium. Les plastiques sont un peu durs par endroit, l'ergonomie des commandes et des boutons peut décontenancer, la sensation du cuir fait très 'simili'.
L'ordinateur de bord se contente du minimum, et on sent que c'est développé "ailleurs". L'interface est lente et peu réactive, les menus pas très intuitifs, la radio DAB lance un logiciel tiers et il n'y pas de navigation intégrée. Pour se faire guider, il faut relier son téléphone: si c'est un iPhone (CarPlay), c'est parfait. Si c'est un Android, il faudra attendre la mise à jour de la voiture dans les prochains mois pour qu'elle soit compatible Android Auto (actuellement, il faut passer pas l'application Easy Connect pour faire du mirroring, mais je vous la déconseille).
L'audio est très moyen: on dirait une sono Bluetooth à 20 euros. C'est un détail pour beaucoup, mais il faut le signaler.