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Pourquoi la consommation de viande diminue-t-elle en Belgique ? (Décryptage)

En 2023, la consommation apparente annuelle de viande par habitant en Belgique est passée sous la barre des 80 kg par an, soit une baisse de 1,5 % par rapport à 2022. Un phénomène qui s'inscrit dans une tendance globale à la baisse depuis 2020.

La consommation apparente de viande ne représente pas la consommation réelle de viande par habitant, mais plutôt à la quantité de viande disponible sur le marché, en "équivalente carcasse." En 2023, elle s'élevait à plus de 930.000 tonnes, ce qui correspond à 79,6 kg par habitant, soit 1,2 kg de moins qu'en 2022. "La tendance est plutôt à la stabilisation ou à la baisse. Alors que dans d'autres régions dans le monde, la consommation explose, à l'image de certains pays émergents où les besoins augmentent", explique Patrick Schifflers, président de la Fédération Belge de la Viande. "Les chiffres en Belgique reflètent la situation européenne où on a tendance à vouloir varier notre alimentation, même si les protéines restent un élément important."

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La viande porcine en baisse

Si la viande porcine reste la viande la plus populaire, l'année 2023 a vu une diminution notable de 6,2 % de sa consommation apparente par habitant, en Belgique. Cette baisse s'explique par une réduction de 9,9 % de la production nette de viande, soit 102 468 tonnes "équivalentes carcasse" de moins par rapport à 2022, atteignant un niveau historiquement bas depuis 2010. Une baisse de la production dont l'origine se situe dans le conflit en Ukraine qui a entraîné une forte hausse du prix des céréales, soit l'une des principales sources d'alimentation du porc."Suite à la crise en Ukraine, le prix des céréales a fortement augmenté", indique Patrick Schifflers. "La production de viande porcine est devenue fortement déficitaire, à partir du moment où les coûts augmentent plus que la répercussion dont vous pouvez bénéficier par rapport au phénomène de marché. Des exploitants ont arrêté et n'ont plus rempli les étables. De ce fait, il y a eu moins de production." Aujourd'hui, si le prix d'une tonne de céréales est de 200 euros, il a parfois dépassé les 300 euros pendant le conflit en Ukraine.

Pour la première fois depuis 2010, la viande de porc représente moins de la moitié de l'offre totale de viande. Cette diminution de la production n'est que partiellement compensée par une augmentation de 3,5 % des importations de viande. À l'inverse, les exportations de viande porcine ont également diminué de 9 % par rapport à l'année précédente. "C'est le même constat dans l'exportation que dans la production puisqu'on a eu moins de marchandise disponible. Et donc quand il y a moins de porc, on peut moins en exporter aussi", affirme le président de la Fédération Belge de la Viande, pour qui la filière porcine est "beaucoup plus ouverte" que la filière bovine, d'origine belge, davantage ancrée sur le marché belge, contrairement au porc.

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La volaille plus populaire que la viande bovine

Cette diminution de la consommation apparente de viande porcine a probablement bénéficié à la volaille, telle que la viande de poulet, dont la consommation apparente a augmenté de 3,8 % par rapport à 2022, soit 16,4 kg par habitant."Manifestement, il y a une substitution de la volaille par rapport au porc. Puisque le porc a davantage été impacté au niveau des prix, cela a modifié les choix du consommateur. Et donc la solution de replis, c'est souvent la volaille dans ce cas-là."

Globalement, une tendance observée depuis un certain temps montre que la consommation de viande de volaille augmente, tandis que celle des viandes rouges diminue. "C'est une filière qui reste globalement moins chère en termes de consommation, mais qui est aussi plus facile à préparer, avec notamment du filet de volaille, du haché de volaille ou même de la charcuterie faite de volaille. Globalement, ces éléments jouent en faveur de la filière volaille", pointe Pascal Schifflers, pour qui la consommation de viande bovine, bien qu'encore courante, est de plus en plus perçue comme une "consommation de plaisir", tandis que la viande de volaille fait partie de l'alimentation quotidienne.

Pour de la viande bovine, il faut 20 euros pour avoir un kg de contre-filet alors que le poulet est à moins de 10 euros

Charles Lefert, membre de la filière bovine wallonne, confirme cette évolution de la consommation. "Le poulet a toujours été la viande du pauvre. Il y a un glissement du bœuf vers le porc, et du porc vers la volaille", explique-t-il. "Pour de la viande bovine, il faut 20 euros pour avoir un kg de contre-filet alors que le poulet est à moins de 10 euros." Bien que la consommation apparente de volaille soit en hausse, celle de viande bovine est quant à elle restée stable, atteignant 14,6 kg par habitant en 2023. "Avant 2023, pendant dix ans, le cheptel a diminué, car la rentabilité n'y était plus et beaucoup d'élevages ont dû arrêter. Aujourd'hui, la demande s'équilibre par rapport à l'offre avec des prix relativement corrects. 

Au-delà du prix, la perception de la viande peut parfois être ternie par certaines recommandations médicales déconseillant une consommation excessive, car elle peut être à l'origine de problèmes de santé tels que les accidents cardiovasculaires, l'hypertension ou encore le diabète. "La viande a mauvaise presse, et les nutritionnistes insistent sur la nécessité de limiter la consommation de viande rouge et de charcuterie, même si la volaille est moins critiquée", ajoute Charles Lefert, pour qui la génération plus âgée consomme "plus de viande que les jeunes", qui se tournent davantage vers d'autres options.

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