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Environ un accident sur 10, en Belgique, serait lié à la fatigue, selon une analyse. Un triste constat qu'il serait possible d'améliorer en suivant les conseils de ces experts.
"Fatigue au volant, mort au tournant" : un slogan que tout conducteur a entendu au moins une fois dans sa vie d’automobiliste (ou de motard).
Si l’institut VIAS, pour la sécurité routière, explique qu’il n’y a pas de données officielles sur la fatigue au volant, des estimations scientifiques portent le nombre d’accidents liés à cette cause à 10 ou 15%. "Ce chiffre pourrait être plus élevé sur l'autoroute à cause du nombre moindre de stimulations et de l’environnement de conduite monotone. En Belgique, une analyse en profondeur portant sur 125 accidents corporels de bus ou de camions a trouvé que la fatigue était la cause principale de 10 % des accidents", précise Benoit Godart, le porte-parole de l’institut.
Tous les ans, VIAS partage les résultats d’une enquête européenne sur les mauvaises habitudes des conducteurs. Il en ressort cette année que 12% des conducteurs belges avouent avoir failli avoir un accident à cause de la fatigue (moyenne européenne : 13%) et 7% affirment même avoir eu un accident pour cette raison (moyenne européenne : 6%). Il arrive par ailleurs à 43% des Belges de conduire en étant très fatigués (c’est plus que la moyenne européenne de 38%). Enfin, 14% des conducteurs belges ont empiété sur la bande d’arrêt d’urgence ou sur le bas-côté en raison d’un assoupissement (moyenne européenne : 18%).
Des chiffres qui restent de bons indicateurs, mais qui sont difficilement vérifiables. "En effet, pour un policier qui vient constater un accident après que celui-ci se soit produit, il est très difficile de dire que le conducteur s’est assoupi s’il ne l’avoue pas. Pour l’alcool ou les drogues, par exemple, c’est totalement différent, mais le policier n’a évidemment pas de ‘fatigomètre’", souligne encore Benoit Godart.
Éviter les pièges
Il existe différents facteurs qui mènent à ces périodes de somnolence au volant : une route monotone, un manque de sommeil ou encore la consommation d'alcool.
Si la première situation est un piège que l’on ne peut éviter et qu’il faut affronter en étant le mieux préparé possible (nous y reviendrons), les deux autres cas évoqués se doivent d’être gérés de manière responsable.
Prendre le volant en étant alcoolisé est évidemment interdit. A partir de 0.5 g dans le sang ou 0.22mg dans l’éthylotest, tous les conducteurs sont punissables, peut-on lire sur le site de la police fédérale. Pour un chauffeur professionnel comme un conducteur de taxi ou d’autocar, le taux punissable est de 0,2g d’alcool dans le sang ou 0.9 mg dans l’éthylotest.
En plus des amendes et du retrait de permis, conduire sous l’influence de l’alcool vous expose à une sanction bien plus radicale : l’accident. Avec des réflexes diminués et une fatigue accentuée, le cocktail peut se révéler être fatal.
Pour ce qui est du manque de sommeil, le mieux est de le prévenir. Si vous savez qu’un long trajet vous attend, pensez à bien dormir avant.
"Il faut surtout bien dormir la nuit précédant le voyage, conduire aux heures où on est le plus alerte, parce qu'on sait que les périodes les plus critiques pour la somnolence, c'est le début d'après-midi entre 13h et 15h et la nuit entre 2h et 6h du matin", éclaire le pneumologue spécialisé en troubles du sommeil, Antoine Bolly.
"Un conducteur, par exemple qui n'a pas dormi depuis 17h et qui prend le volant, il a les mêmes capacités de conduire qu'un conducteur qui aurait un taux d'alcool de 0,5g par litre de sang, donc ça équivaut à 2 ou 3 verres. Concrètement, le conducteur somnolent va être moins vigilant, il va avoir des réflexes moins rapides, moins précis", explique Belinda Demattia, la porte-parole de l’Agence wallonne pour la Sécurité routière
Un Red Bull et c'est reparti ?
Si malgré tout vous sentez la fatigue vous gagner pendant votre conduite, vous pourriez être tenté de prendre un petit remontant : un soda, des bonbons, une boisson énergisante, un café, etc.
Des solutions qui peuvent se révéler efficaces, mais pas infaillibles pour autant. Loin de là.
"Ça peut avoir des bénéfices à très court terme, car tout ce qui est sucré provoque une montée de la glycémie. Mais derrière, on va avoir une hypoglycémie donc un retour de la fatigue et l’envie de reprendre du sucre", prévient le nutritionniste Axel Van Parijs.
Encore faut-il que cela fonctionne. Tout le monde n’est pas réceptif de la même manière aux boissons énergisantes ou au café. "La sensibilité à la caféine est différente en fonction d’une personne à l’autre. Des gens peuvent prendre un Red Bull et faire une sieste après mais d’autre ne peuvent pas dormir au soir après avoir bu un café à 14h". Une résistance qui peut aussi varier en fonction des habitudes. Si vous prenez trois cafés par jour, votre corps sera probablement moins réceptif que si vous n’en buvez que de manière occasionnelle.
Sans passer par les sucres habituels, Axel Van Parijs recommande plutôt de prendre avec soi des noix, noisettes et autres fruits oléagineux. "C’est typiquement ce que je recommanderais."
"Ils donnent de l’énergie, mais de manière plus longue. Ils ont un bon ratio entre les macronutriments que sont les glucides, les protéines, les lipides, et les fibres. Ce sont des aliments très complets."
"Pour la voiture, c’est top", conclut le nutritionniste. Axel Van Parijs précise qu’il est même recommandé de consommer ces aliments de manière quotidienne : "30 g par jour".
La voiture, un allié de plus ?
La technologie évoluant, nous pouvons désormais compter sur elle pour nous garder à l’œil. Si le confort, toujours plus développé, de nos véhicules peut se révéler être une cause de somnolence, un outil commence à faire son apparition : le détecteur de fatigue.
Déjà présent dans certains véhicules, c’est devenu une obligation pour tous les nouveaux modèles depuis le 1er juillet, et surtout, il sera obligatoire sur tous les véhicules neufs dès 2026.
D’autres méthodes existent encore pour se tenir éveillé et attentif au volant. Avec plus ou moins d’efficacité.
"Ainsi 81% des personnes interrogées lors d’une récente enquête indiquent écouter de la musique, près d’un tiers (34%) discutent avec leur passager et un quart (23%) ouvrent leur fenêtre pour faire face à la fatigue. Augmenter le volume sonore, manger un bout, rouler plus vite ou téléphoner sont d’autres moyens avancés pour lutter contre la somnolence. Mais tous ces trucs n’aident pas ou n’ont qu’un effet limité dans le temps", rapporte Benoit Godart de l’institut VIAS.
Le mot de la fin est laissé au porte-parole de l’institut de la sécurité routière : "Le seul remède vraiment efficace est de faire une sieste d’environ 15 minutes (pour ne pas tomber dans une phase de sommeil profond qui risque d’avoir des effets contre-productifs au réveil)."
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