Partager:
Métamorphoser un petit musée de province désuet en un écrin à la hauteur de l'imaginaire d'un des plus grands conteurs du monde: au Danemark, la ville natale de Hans Christian Andersen vient de donner les derniers coups de baguette magique à un chantier de sept ans.
De la Petite Sirène à la Reine des Neiges en passant par Le Vilain Petit Canard ou la Princesse au petit pois, il appelait ses oeuvres "ses enfants".
Le petit garçon pauvre d'Odense (1805-1875) est devenu le père de plus de 150 contes qui continuent de nourrir d'innombrables adaptations: livres, chansons, ballets et superproductions de Disney.
Musique cristalline, jeux de lumière et d'illusions, le nouveau musée jouxtant la maison natale de "H.C." Andersen dans le centre du Danemark a voulu immerger le visiteur dans l'esprit et l'imaginaire du plus célèbre écrivain du pays.
Signé par l'architecte japonais Kengo Kuma, connu également pour le nouveau stade olympique de Tokyo, il a été inauguré à l'été et terminé début décembre. Avec un parti pris onirique assumé.
"Nous avions le sentiment que les personnes qui visitaient l'ancien musée recherchaient quelque chose de plus. C'était un musée biographique traditionnel", résume Lone Weidemann, une des responsables du lieu.
A travers les différentes stations, les visiteurs peuvent endosser les habits neufs de l'Empereur, retrouver le petit pois qui perturbe le sommeil de la princesse ou revivre le destin tragique de la petite fille aux allumettes.
"Les gens cherchaient ses contes de fées parce que c'est ce qu'ils connaissent", souligne Mme Weidemann.
"Ils ont besoin de la fantaisie et de son inspiration dans la vie quotidienne. Donc en proposant ça ici, ils trouvent ce qu'ils recherchent".
Vu du ciel, le lieu ressemble à quatre boutons verts surgis de terre, montés sur des échasses de bois.
- Plongée souterraine -
Son architecte nippon a expliqué s'être inspiré d'un des contes d'Andersen, "Le Briquet", avec un arbre révélant un monde souterrain - les deux tiers de l'espace d'exposition se trouvant sous terre, dans une vaste salle tentaculaire.
Selon la formule de Kengo Kuma, il s'agit de "la méthode d'Andersen": "un petit monde se transforme soudain en un univers plus vaste".
"Lorsque vous entrez dans ce musée, vous êtes transporté dans un tout autre monde et c'est fantastique", se réjouit Ara Halici, un touriste néerlandais venu quelques jours avant que la vague Omicron n'impose une fermeture temporaire jusqu'à au moins fin janvier.
"C'est une expérience complète. Cela lie tous les sens", s'émerveille Jonna Vind, une professeure de danois venue faire découvrir à ses collégiens la richesse du monde d'Andersen.
Fils d'un cordonnier mort quand il avait 11 ans et d'une blanchisseuse analphabète, Hans Christian avait quitté Odense à 14 ans dans l'espoir de devenir acteur à Copenhague, avant finalement de se tourner vers l'écriture.
Ses contes, qu'il commença à environ 30 ans, connurent un succès international de son vivant, d'Europe aux Etats-Unis.
L'idée de la métamorphose du musée d'Odense est née au début des années 2010, grâce à un nouveau plan d'urbanisme visant à écarter les voitures du centre de la troisième ville du Danemark, qui compte environ 200.000 habitants.
Les travaux ont commencé en 2014 avec la fermeture d'une grande route qui a laissé l'espace disponible au nouvel ensemble. L'ancien musée, installé depuis 1930 dans la maison natale d'Andersen, a lui fermé fin 2017.
Comme dans tout bon conte d'Andersen, l'histoire commence dans la difficulté avec les effets du Covid-19 sur la fréquentation.
Depuis la réouverture, 40.000 personnes ont franchi les portes du musée, qui souffre de l'absence de touristes étrangers. Notamment de Chine, où l'oeuvre d'Andersen est extrêmement populaire.
Avant la pandémie, le vieux musée attirait 100.000 visiteurs par an, dont 70% d'étrangers, parmi lesquels 20.000 Chinois.