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La majorité des étudiants et du personnel de l'enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles a déjà été victime de harcèlement ou de violences. Cette situation nécessite une révision des mesures préventives et des dispositifs d’aide existants.
Une enquête menée par l'Université de Liège révèle une réalité inquiétante : le harcèlement et les violences sont omniprésents au sein des établissements d’enseignement supérieur. Que ce soit dans les universités, les hautes écoles ou les écoles supérieures des arts, ces comportements affectent autant les étudiants que le personnel, et les dispositifs de soutien sont souvent jugés insuffisants.
Sous l’impulsion de la Ministre Valérie Glatigny, en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, l’étude BEHAVES (Bien-Être, Harcèlement et Violences dans l’Enseignement Supérieur) a été lancée le 15 février.
Sondant 41 établissements, l’enquête a révélé des résultats préoccupants : 56 % des répondants ont déclaré avoir été victimes de harcèlement moral, et près de 30 % ont subi des violences sexistes ou sexuelles.
Rédigé par l'Université de Liège, le rapport expose ces statistiques et évalue les dispositifs actuels de prévention et d’aide, concluant à la nécessité impérative de leur renforcement.
Une prévalence inquiétante du harcèlement moral
D'après les résultats de l’étude, 56 % des personnes interrogées ont été victimes de harcèlement moral depuis leur arrivée dans l’établissement.
Ces comportements incluent l'exclusion, le dénigrement du travail, les remarques insultantes, ainsi que la propagation de rumeurs. Le personnel, en particulier les doctorants, semble particulièrement touché par ces pratiques.
De plus, la prévalence du harcèlement varie selon le type d'établissement : 53 % des répondants dans les universités, 59 % dans les hautes écoles et 65 % dans les écoles supérieures des arts ont subi au moins un comportement de harcèlement moral.
Violences sexistes et sexuelles : un problème persistant
Le rapport met aussi en lumière le fait que le harcèlement sexuel est souvent perçu comme une "problématique de femme", touchant principalement les étudiantes, sur les campus comme en dehors.
Parmi les 13 000 participants, 29,7 % ont été victimes de violences sexistes ou sexuelles. Les victimes rapportent des comportements tels que des avances sexuelles non sollicitées ou des attouchements non consentis, souvent lors d’événements festifs.
Pour la Fédération des Étudiants Francophones (FEF), il est crucial de créer un dispositif externe et indépendant pour prendre en charge les victimes de manière efficace. Ce dispositif permettrait de gérer les cas de violences sexistes et sexuelles en toute transparence, sans influence interne.
Une confiance érodée envers les institutions
L’étude révèle aussi une grande disparité dans la confiance accordée aux établissements d’enseignement supérieur. De nombreuses victimes expriment une méfiance profonde à l'égard de leurs établissements, en raison du manque de réaction des responsables ou de l’inefficacité des dispositifs d’aide.
Beaucoup d'étudiants estiment que les ressources disponibles sont insuffisantes et que les personnes de confiance ne sont pas toujours formées pour gérer des cas de violence.
Face à cette situation, un collectif de professeurs et de membres du personnel administratif appelle à des changements structurels, exigeant que la lutte contre le harcèlement devienne une priorité dans l’enseignement supérieur.
L’une des solutions proposées est l’introduction de "safe places" au sein des établissements pour offrir aux victimes un espace sécurisé où elles peuvent trouver du soutien.
Besoin urgent de mesures préventives
Plusieurs recommandations ont émergé pour faire face à cette situation. Parmi celles-ci, la création de dispositifs d’aide propres à chaque établissement, ainsi que la mise en place d’une voie de recours externe.
Les étudiants demandent également des campagnes de sensibilisation obligatoires sur le harcèlement, le consentement et l'inclusion, ainsi que des ateliers de réflexion sur le vivre-ensemble.
Les responsables politiques ont déjà commencé à réagir. En octobre 2021, une proposition de résolution visant à lutter contre le harcèlement dans l’enseignement supérieur a été adoptée, appelant à une meilleure étude du phénomène ainsi qu'à l’établissement de règles plus strictes et d’un cadre légal renforcé.
Les étudiants souhaitent que les établissements deviennent "plus humains", avec un accompagnement personnalisé et des règles claires, définissant les droits et les responsabilités de chacun.