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"Le ressenti, c'est la mort": Jean Marc Turine, violé par un prêtre durant son enfance, va rencontrer le Pape cette semaine

Jean Marc Turine, 78 ans aujourd'hui, a été victime d'abus sexuels au sein de l'église quand il était enfant. Il en a fait un livre et il rencontrera le Pape François lors de sa venue en Belgique fin de semaine. Il se livre sur l'époque où il dit avoir "ressenti la mort".

À 48h de l’arrivée du Pape en Belgique, Jean Marc Turine était invité sur bel RTL dans Ils mériteraient d'être dans le journal, présenté par Benjamin Maréchal. L'homme de 78 ans est aujourd'hui écrivain. Il a écrit un livre dans lequel il raconte les abus sexuels dont il a été victime étant enfant au sein de l'église catholique. Il rencontrera le pape François quand celui-ci sera un Belgique fin de semaine.

Les faits en question remontent à 1959, lorsque Jean Marc Turine était élève au Collège Saint-Michel. "Père C m'a abusé", écrit-il. "Père C" le convoquait selon ses humeurs, ses caprices, sa libido... Jean Marc Turine dit avoir été la proie de ce prêtre. "Tous sommes la proie de quelqu'un. Et dans cette perversité, je suis même certain qu’ils choisissent leur proie, parce qu'ils repèrent quelque chose (...) Quelqu'un qui a quelque chose de fragile en lui, et le prédateur le sent. (...) A ce moment-là, je suis assez cancre et ces gens-là le savent."

Le ressenti, c'est la mort

En plus d'avoir abusé de lui sexuellement, le "Père C" l'humiliait publiquement. "Ça n'arrêtait pas (le harcèlement, ndlr.)", glisse-t-il. "D'autant que je faisais partie de la chorale. J'avais une belle voix, je crois et j'aimais chanter. Mais il a tout détruit, il a tout détruit. Même le goût de la vie. Et ça... Ces prêtres-là, ils savent ce qu'ils nous font, ils nous tuent et ils le savent. J'en suis convaincu de ça."

Encore aujourd'hui, il semble très affecté parce qu'il a vécu dans son enfance. "Vous imaginez ce que c’est un enfant de 12 ans, une petite fille, un petit garçon, être violé par des prêtres ?", lance-t-il. "C’est quand même autre chose qu’un viol normal. C’est surtout une autorité morale", déplore l'invité de Benjamin Maréchal.

Il poursuit: "Bien sûr que ce sont des malades. Mais moi, je ne suis pas responsable de la maladie d'un adulte quand j'ai 13 ans", poursuit l'auteur. "Le ressenti, c'est la mort. Non seulement, tu es sali dans ton corps, dans ton cœur, dans ton âme, mais tu es mort..."

La rencontre avec le Pape

Il lui aura fallu 60 ans avant de coucher sur papier ce qu'il a vécu. "Pendant 60 ans, c'est le silence. En 2011, lorsqu’il y a eu la première commission parlementaire, je suis allée au commissariat de police. L’entretien a duré près d’une heure, mais je ne suis pas allé au bout, car ils voulaient des noms. Et je protégeais ceux qui étaient morts", confie Jean Marc Turine. 

Ce dernier rencontrera le Pape François en Belgique, fin de semaine. Et il n'est pas stressé à cette idée, et des excuses ne changeront rien à ce qu'il ressenti. "Moi personnellement, non ça ne change rien, car je ne pratique plus du tout cette religion. S’excuser, ça ne sert à rien, il doit prendre la responsabilité de dire 'Je suis, au nom de l’église, responsable de tous ces actes'", conclut-il.

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