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Environ 20.000 campeurs ont été invités à évacuer le site des Ardentes ce dimanche suite à l'annulation du festival. Les autorités ont déprogrammé la dernière journée en raison de la violence des orages annoncés sur place ce dimanche. Mais les intempéries attendues ne sont finalement jamais arrivées... Ce que les festivaliers n'ont pas encore pu digérer.
Pour comprendre ce qu'il s'est passé, David Dehenauw, chef du bureau du temps, nous a accordé une interview ce lundi. "On a vu depuis vendredi sur plusieurs cartes météo qu'il y avait un risque d'avoir de fortes averses orageuses avec des grêlons de taille importante. C'était confirmé le samedi", nous explique le responsable de l'IRM.
Alerte orange chez les voisins
Aux Pays-Bas, le service météo avait déclenché une alerte orange pour la grêle dès samedi soir. En France, l'alerte orange a été activée durant la nuit, "pour les mêmes averses orageuses", insiste David Dehenauw. "Le dimanche matin, on s'est réuni avec le bureau du temps et on a estimé le risque important de passer en code orange, parce qu'on avait vu que, très localement, il y avait un risque d'avoir des grêlons jusqu'à maximum de 4 à 5 cm. Ce n'était pas prévu pour toutes les communes. Il faisait très chaud. Dans les prévisions, on avait annoncé 32 à 33 degrés sur la province de Liège et sur le Limbourg. Et ça provoque normalement de fortes averses orageuses avec de la grêle importante."
Aucun grêlon n'est finalement tombé sur le site du festival, mais "on a quand même vu de très fortes averses orageuses juste au nord de la ville de Liège", dit-il. Notamment à Fourons et dans le Pays de Herve, "ce n'était pas très loin de la ville de Liège, mais ça reste très difficile à prévoir l'intensité et la localisation des orageuses."
Plus de stations météo?
Pour David Dehenauw, il n'est pas nécessaire d'avoir davantage de stations météo. "On a assez de stations météo, ce n'est pas le problème. Là, c'est le problème de l'incertitude et qu'on ne maîtrise pas tous les aspects des orages, ni l'intensité, ni la localisation. Évidemment, c'est très important de savoir parce que cela a un gros impact sur la population (...) C'est toujours un défi de prévoir l'intensité et la localisation des averses orageuses. Et s'il y a un risque important, et c'est ce qu'on a quand même estimé au sein de l'IRM, nous avons des procédures. Nous sommes obligés de prévoir, on sait très bien que ça ne se matérialise pas toujours sur le terrain, mais si le risque est assez important, si on dépasse les seuils, on doit prévenir parce que si on ne le fait pas et que ça se produit, c'est encore pire", a-t-il justifié.
Selon lui, le fait d'avoir plus de stations météo n'aiderait donc pas "pour ce phénomène-là". L'IRM se sert aussi de radars météorologiques, mais "notre radar à Wideûmont est en panne pour l'instant. Donc, pour la détection des grêlons, on n'a pas pu utiliser cela pour le très court terme. Ça joue aussi un rôle dans la décision de passer en orange parce qu'on était un peu aveugle sur le terrain."
Je pense que la décision était justifiée
Il a donc fallu prendre les décisions en fonction des outils à disposition sur le moment et de ceux en panne. Ce qui complique évidemment la tache. "Je pense que la décision était justifiée. Évidemment, la réalité sur le terrain dit autre chose. Mais on doit se mettre un peu dans la tête des gens qui prennent les décisions. Avant les événements, il faut les prévoir, il ne faut pas les subir sans avertissement", conclut-il.