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C'est une tendance qui se confirme depuis la crise sanitaire: le secteur horeca engage de moins en moins d'employés. À la place, les responsables des cafés, des hôtels, des restaurants font de plus en plus souvent appel à des étudiants, des flexi-jobs ou encore les extras. Une étude indique que près d'un tiers des heures de travail sont désormais prestées via ces statuts.
Diego est responsable de bar à Namur. Dehors, il met en place sa terrasse, tandis qu'à l'intérieur, une étudiante s'active. "La majeure partie des mes amis travaillent dans l'horeca parce que c'est quelque chose d'assez 'facile' à trouver", affirme Valentine.
Effectivement, le secteur fait de plus en plus appel à ses étudiants, aux flexi-jobbers aussi et aux extras. Ces statuts spécifiques représentent 58 millions d'heures de travail en 2023, soit deux fois plus qu'en 2017. Un choix qui paraît évident pour Diego. "C'est une question de coût évidemment", concède-t-il. "C'est vrai qu'avoir du personnel ici en Belgique c'est extrêmement onéreux et je pense qu'on a beaucoup plus de facilité à se tourner vers ce genre d'alternative. C'est aussi une question de motivation, je pense que les étudiants, aussi bien que les flexi-jobs, sont des gens qui sont très motivés à travailler."
Perte de motivation
Ce constat est partagé dans ce secteur, qui depuis le Covid peine à recruter des employés motivés. Guillaume, gérant de plusieurs établissements horeca à Namur, s'est adapté. "Depuis le Covid, j'ai un peu changé le concept du restaurant, où j'utilisais beaucoup la technologie et les QR codes qui remplacent malheureusement un peu l'humain", explique-t-il. "J'ai beaucoup de chance ici de travailler avec énormément d'étudiants et même des flexi-jobs."
Ces travailleurs sous statut spécifique représentent aujourd'hui 29% des heures de travail prestées dans l'horeca, des statuts qui sont fiscalement plus intéressants. "On n'est pas loin de 10 euros de l'heure en termes de différence entre un job étudiant et un job 'normal'", indique Philippe Defeyt, économiste responsable de l'étude. "Avec évidemment des conséquences pour la sécurité sociale et les recettes de l'État."
Car ces statuts spécifiques rapportent moins. Ils avaient été pensés, au départ, pour que les établissements horeca survivent aux différentes crises. Mais aujourd'hui, Philippe Defeyt estime qu'il serait temps de réfléchir à une limitation.