Plus de 2.000 personnes dans les rues de Bruxelles ce dimanche pour lutter contre "un phénomène répandu dans tous les secteurs de la société"

Le nombre de dossiers ouverts pour racisme en Belgique reste particulièrement élevé: 3 dossiers sur 10 ouverts l'an dernier chez Unia (Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme) concernaient des critères raciaux.

Chaque jour, le centre ouvre deux dossiers pour racisme. Un chiffre élevé, et pourtant encore loin de la réalité, selon son directeur Patrick Charlier. 

Il s'agit d'un phénomène répandu dans tous les secteurs de société

"Il y a un gros sous-rapportage. Les chiffres que nous donnons ne sont que les chiffres de notre propre activité. Quand on voit des données globales sur les questions de discriminations raciales, il s'agit d'un phénomène répandu dans tous les secteurs de société, de manière structurelle et systémique. Et ça, on n'en a pas toujours conscience...", explique-il.

Avant d'ajouter: "Les gens ne portent pas toujours plainte. On sait qu'il y a une sur-victimisation, le fait d'être victime d'une part et d'entamer une procédure, c'est quelque chose de lourd pour les victimes".

C'est dans ce contexte que, ce dimanche, près de 200 associations, ONG et syndicats, soutenus par des centaines de citoyens, appellent à se lever "contre le racisme" lors d'une manifestation annuelle organisée dans les rues de Bruxelles.

Cet événement, destiné à "imposer un véritable changement" contre "une idéologie d'extrême droite qui se traduit de plus en plus en politique", est organisé deux jours après la journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale.

Différentes actions à travers la Belgique

À Bruxelles, la manifestation a démarré à 14h depuis la place de l'Albertine et s'est poursuivie jusqu'à l'église Notre-Dame de la Chapelle avant un retour jusqu'à la gare de Bruxelles-Central. 

Les organisateurs, réunis au sein de la plateforme 21/03, voient cette manifestation comme un moyen de lutter contre "la banalisation du racisme, de la violence et de l'extrême droite", "en hausse (...) dans le monde entier".

Plusieurs ONG étaient présentes dans le cortège comme le réseau 11.11.11, le réseau ADES, Amnesty International, BelRefugees, mais aussi des syndicats comme la FGTB et la CSC, ou des partis politiques comme Ecolo, Groen ou le PTB-PVDA.   

Une augmentation des inégalités et une réduction des droits fondamentaux

Ils rappellent que ces actes violents et discriminations ont "un impact considérable", nuisant aux résultats scolaires ou à l'emploi des personnes visées, menant à leur isolement, un manque de confiance en soi et une augmentation des risques pour la santé mentale et physique. Tout cela "entraîne toujours une augmentation des inégalités et une réduction des droits fondamentaux pour l'ensemble de la population".  

Une mauvaise politique?

Les manifestants, eux, ont notamment critiqué les politiques menées par les gouvernements fédéral et flamand. Ils ont ainsi dénoncé la politique menée par la ministre fédérale en charge de l'Asile et de la Migration Anneleen Van Bossuyt (N-VA).   

"Si Mme Van Bossuyt dit qu'elle pourrait envisager d'enfermer des enfants en centre fermé, nous nous posons alors de graves questions", a expliqué Bart Engelaar, secrétaire général de la FGTB au niveau fédéral. "Nous ne pensons pas que ces enfants soient le mal de la politique migratoire en Belgique. Il s'agit d'un pur calcul politique. Nous sommes ici pour prouver le contraire".

Le patron du syndicat socialiste dénonce un accord de gouvernement "scandaleux" quant à la question migratoire. "Nous continuerons à défendre les droits humains fondamentaux", a-t-il ajouté. Selon M. Engelaar, les gouvernements fédéral et flamand "montent les gens les uns contre les autres".

Un décompte de la police estime qu'environ 2.000 personnes étaient réunies pour la cause dans les rues de Bruxelles aujourd'hui.

D'autres événements du même genre ont lieu à travers la Belgique, notamment à Liège, où un cortège est parti à 13 heures de l'Esplanade St-Léonard.