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La direction et les syndicats d'Audi Brussels ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur un plan social commun, les représentants des travailleurs ayant rejeté la sixième et dernière proposition de l'entreprise, a communiqué Audi. La direction va dès lors s'adresser directement aux travailleurs avec ce qu'elle considère comme une "offre très équitable". De leur côté, les syndicats s'opposent fermement à cette décision.
Les négociations sur un plan social avaient débuté le 1er octobre dernier. La direction avait alors mis sur la table sa première offre, comprenant entre autres une proposition de prime de fermeture. Ce texte avait cependant conduit à un court arrêt de travail spontané au sein de l'usine forestoise en raison de la déception des syndicats.
Début novembre, Audi Brussels avait présenté un nouveau plan social, qui avait été mieux accueilli. Le texte prévoyait des primes de fermeture et des prépensions pour les quelque 3.000 travailleurs de l'usine, où la production devrait s'interrompre fin février. Les négociations se poursuivaient depuis lors et ont donc finalement échoué après une sixième et dernière proposition de la direction, qui va dès lors s'adresser aux travailleurs directement et leur proposer une offre "très équitable".
En plus de l'indemnité légale de licenciement, Audi ajoute sa propre prime volontaire, dont le montant dépend de l'ancienneté du travailleur. De la sorte, l'entreprise dépenserait en indemnités de licenciement plus du double que ce que la loi exige, souligne son porte-parole Peter D'hoore. Un travailleur ayant 17 ans d'ancienneté recevrait en moyenne entre 125.000 et 190.000 euros bruts au total (prime volontaire Audi + indemnité de départ légale), en fonction de son poste et de son salaire, illustre-t-il.
Les travailleurs reconnaîtront la qualité de notre offre
"Nous sommes convaincus que les travailleurs reconnaîtront la qualité de notre offre et l'accepteront", ajoute le porte-parole. Audi regrette en outre que le refus des syndicats rende inapplicables d'autres parties du plan social.
Ainsi, dans cette situation, l'entreprise ne peut pas, pour des raisons légales, proposer un régime complémentaire de chômage avec complément d'entreprise (RCC) pour les collaborateurs de plus de 60 ans, mais seulement le régime de RCC légal. "Nous aurions aimé voir une conclusion commune du plan social et nous étions prêts à faire des compromis jusqu'à la fin", assure Gerd Walker, membre du conseil d'administration d'Audi AG et responsable de la production.
"Nous tenons notre parole et offrirons volontairement à chaque travailleur une indemnité de licenciement individuelle et équitable en plus de l'indemnité légale. Nous voulons ainsi soutenir les collaborateurs qui ont tant fait pour les quatre anneaux sur leur chemin vers un nouvel avenir professionnel", conclut-il.
"C'est du jamais vu, c'est regrettable et inacceptable"
La décision de la direction d'Audi Brussels de s'adresser directement aux travailleurs pour leur proposer l'offre déclinée par les syndicats "témoigne d'un manque de respect pour le dialogue social et la négociation collective", dénonce ce jeudi Stephan De Muelenaere, secrétaire permanent de la CGSLB.
Les syndicats considèrent qu'avec cette décision, l'entreprise tente d'isoler les "maillons faibles" en les approchant individuellement. Bien que cette stratégie soit légalement possible, elle "sape la nature collective du dialogue social et renforce l'impression que la réduction des coûts est une priorité aux dépens des travailleurs", regrette la CGSLB. Le syndicat libéral demande donc à la direction d'Audi Brussels de reprendre les négociations dans le respect des principes de la négociation collective.
"Ce que la direction d'Audi Brussels planifie de faire, c'est du jamais vu. C'est regrettable et inacceptable", a également réagi jeudi Ronny Liedts de l'ACV (CSC). "Nous avons eu deux longues journées de négociations. La direction a effectivement mis une augmentation du budget global sur la table hier soir après de longues discussions, mais cela reste largement insuffisant. Puis est venue la décision de s'adresser directement aux travailleurs. Je n'ai jamais entendu parler d'une entreprise ayant fait ce genre de choses."
Les syndicats ont néanmoins affirmé souhaiter poursuivre les discussions avec la direction et considèrent qu'une nouvelle grève n'aurait pas de sens. Le cas échéant, ils pourraient donc se tourner vers d'autres formes d'actions syndicales.