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A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la pauvreté, plusieurs asbl et syndicats organisent ce jeudi une manifestation à Namur. La cause des étudiants, qui vivent de plus en plus dans la précarité, y est notamment abordée. D'après Infor-Jeunes, environ 80.000 étudiants ont des problèmes financiers.
Environ 35% des étudiants du supérieur déclarent rencontrer des difficultés financières, d'après l'estimation d’Infor-Jeunes. Ça représente entre 70.000 et 80.000 étudiants qui sont en situation de précarité.
Pour subvenir à leurs besoins, les étudiants doivent de plus en plus jober
Ghilherme, étudiant boursier à l’UCLouvain est dans ce cas: "Aucun de mes deux parents, malheureusement, avec leur situation financière, ne peut m'aider. J'ai aussi des frères et soeurs donc c'est compliqué", explique-t-il à notre micro. Et comme il vient d'Ostende, il a dû se trouver un kot afin d'être au plus proche de son université. "C'est un kot de 8 personnes, et le loyer reste quand même de 380 euros. Ensuite il y a encore la nourriture, je dirai que je dépense 200 euros par mois, donc on est déjà à 580", estime-t-il.
Les étudiants doivent cumuler des jobs pour se permettre d’étudier
Sans l’aide de son université, Ghilherme devra jober plus de 20h par semaine, ne fût-ce que pour payer son loyer.
Et c'est loin d'être un cas isolé, explique Mélanie Rigole, directrice d’Infor-Jeunes à Bruxelles : "On est face à des jeunes qui n’ont plus les moyens de financer leur logement, leur santé, leur alimentation. Un étudiant qui n’a pas un environnement stable et adapté pour poursuivre sereinement ses études a moins de chance pour valider l’entièreté de son programme. Jober comme étudiant est donc devenu essentiel pour se loger, pour sa santé, se nourrir... Mais plus de temps au travil, c'est moins de temps d'étude, et donc ça a un impact direct sur la réussite scolaire."
Le coût de la vie augmente, mais pas que... les logements étudiants sont aussi concernés
Il y a aussi de plus en plus d'étudiants qui se tournent vers les CPAS pour obtenir de l'aide. Entre 2011 et 2022, le nombre d’étudiants qui ont fait appel à l’aide du CPAS a même doublé.
La question de la santé mentale est davantage préoccupante aujourd'hui
En plus de tout ça, il y a aussi les prix des logements étudiants qui augmentent, ainsi que le coût de la vie de manière générale. Hajar Benhachemi, présidente de la Fédération des étudiants francophones (FEF) précise : "Le privé ne fait qu’augmenter les loyers et on n’a pas de grille fixe qui délimiterait les loyers pour les étudiants. On a aussi la précarité alimentaire et la santé mentale des étudiants. Les étudiants doivent cumuler des jobs pour se permettre d’étudier, et ça c’est inconcevable dans une société comme la nôtre où le socle même de notre société doit être l’enseignement supérieur et l’enseignement obligatoire."
De nombreuses conséquences pour les étudiants
Les conséquences de cette précarité étudiante sont multiples: certains jeunes se sentent obligés de choisir une orientation en fonction de leurs finances et non de leurs envies. La précarité peut aussi amener un certain isolement, surtout à l’heure où les étudiants doivent pouvoir jongler entre job et études. Et surtout, les étudiants doivent subvenir à leurs besoins en jobant, et donc moins de temps aux études, ce qui a pour conséquence une diminution des chances de réussite.
Et avec tout ça, la santé mentale en prend forcément un coup. C'est d'ailleurs ce qu'a pu observer Florence Vanderstichelen, directrice du service d’aide aux étudiants de l’UCLouvain : "La question de la santé mentale est davantage préoccupante aujourd'hui qu'avant le covid. On rencontre davantage d'étudiants vulnérables, qui ont des vulnérabilités multiples : sociale, psychologique, de santé. Nous intervenons alors en équipe pluridisciplinaire."
Des aides existent, mais les procédures sont compliquées et les critères trop "durs"
Il existe différentes aides :
- le CPAS,
- les bourses d’études,
- les services sociaux des établissements supérieurs.
Les dossiers de demandes d’aide prennent du temps et les procédures pourraient être simplifiées. Les établissements du supérieur proposent de nombreuses aides. Mais l'allocation d’études n’est pas automatique. Elle pourrait le devenir à condition de simplifier les critères.