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Hubert Ewbank est le directeur général et cofondateur du Chant d'Eole à Quivy, le plus grand vignoble du pays. Du vin, qui rayonne à l'international, y est produit sur 54 hectares. Cette production pourrait-elle s'étendre à l'avenir?
Du Chantel d'Eole jusqu'au Vin de Liège, la Belgique est désormais - et ce surtout depuis les 10 dernières années - capable de faire de grands vins. "Il y a plein de chouettes réussites, c'est ça qu'il faut retenir", s'enthousiasme Hubert Ewbank sur le plateau de Signatures ce 18 décembre.
Cette réalité est dûe à la volonté des producteurs mais également aux conditions climatiques qui changent. Le changement climatique permet en effet au pays de développer cette industrie. "C'est vraiment un vrai projet de diversification pour les agriculteurs", admet le vigneron. "La Belgique est vraiment devenue une terre capable de faire de bons vins. On a vraiment un pays, un terroir exceptionnel, un climat vraiment fait pour ça, et on a vraiment des belles réussites déjà en Belgique."
Une mauvaise année
Cependant, la production viticole reste dépendante du climat. La mauvaise météo a fait de l'année 2024 une année particulièrement difficile pour la production de vin en Belgique. Des variations climatiques qui auront un impact sur le millésime. "C'est sans doute la vendange la plus faible qu'on a eu, malgré tout qualitatif", affirme Hubert Ewbank, directeur général et cofondateur du Chant d'Eole à Quivy. "Malheureusement, il y aura un peu moins de bouteilles dans deux ans" , puisqu'il faut deux années pour sortir une bouteille.
Heureusement pour le producteur, le domaine était agrandi. "Cela compense un peu ce manque."
Une Europe en mutation viticole
Avec des températures plus élevées et une saison de croissance prolongée, le climat belge devient de plus en plus adapté à la culture de la vigne. Cela permet de produire des raisins avec une meilleure maturité, notamment pour des cépages adaptés aux climats frais comme le Chardonnay, le Pinot Noir et le Pinot Meunier. Les vins belges commencent à se faire un nom à l’international.
Mais le changement climatique n'est pas une bonne nouvelle pour tous les producteurs européens, selon des données publiées par Nature reviews Earth & environnement et l'INRAE (Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement). La qualité du vin est directement menacée par des raisins mûrissant trop vite, perdant leur acidité et leurs arômes. Certaines adaptations, comme le recours à des cépages tardifs ou résistants à la sécheresse, sont en cours d'expérimentation. Toutefois, l'irrigation est controversée, car elle accentue la compétition pour l'eau.
En Espagne, par exemple, les régions viticoles côtières de basse altitude, comme la Rioja ou certaines parties de la Catalogne, sont particulièrement menacées. Avec des températures plus élevées et une réduction des précipitations, la production pourrait diminuer, rendant ces zones impropres à la viticulture d’ici la fin du siècle. En France, dans des régions comme le Languedoc ou la Provence, les vignobles devront se déplacer en altitude pour survivre, comme cela a été fait sur le plateau du Larzac.
Si l'Europe devrait cependant conserver son rôle de leader mondial de la production, certaines régions, comme le sud de la Californie, pourraient voir leur potentiel fortement réduit. Par ailleurs, la relocalisation à des altitudes plus élevées, comme dans le Larzac, pourrait devenir une solution.