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L'annonce de la condamnation de Nicolas Sarkozy à de la prison ferme fera date dans l'histoire de la Ve République. Christophe Giltay se penche sur cette décision historique.
Ce jeudi matin sur bel RTL, Christophe Giltay s'est épanché sur la condamnation, prononcée hier, de Nicolas Sarkozy à trois ans de prison, dont un ferme, qu'il purgera sous bracelet électronique.
Peut-on dire que cette condamnation, qui est une première, entache la fonction présidentielle, même si Sarkozy a quitté l'Élysée en 2012 ?
Le moins que l'on puisse dire, c'est que ça fait désordre. Certes, Jacques Chirac avait été, lui aussi, condamné après sa présidence à deux ans de prison avec sursis, mais on lui avait épargné une peine ferme et le bracelet électronique. Quant à Nicolas Sarkozy, il devra, dans quelques jours, rencontrer le juge d'application des peines qui lui déterminera les conditions de sa détention virtuelle.
En effet, s'il est couvert par une immunité pendant son mandat, un président de la République redevient ensuite un citoyen normal. Alors il va s'y soumettre, mais de mauvaise grâce. Il a d'ailleurs saisi la Cour européenne des droits de l'homme, ce qui est aussi une première : un ancien président qui porte plainte contre son pays, on se croirait dans une dictature d'opérette.
Mais l'appel n'est pas suspensif et donc Sarkozy n'échappera pas à l'humiliation. D'autant que d'autres ennuis judiciaires l'attendent au tournant. Dès le 6 janvier, il sera jugé pendant 4 mois pour le financement de sa campagne présidentielle de 2007 qui aurait été assurée en partie par le colonel Kadhafi.
On est loin de la condamnation qui lui vaut le bracelet électronique, soit l'obtention de renseignements judiciaires le concernant contre la promotion d'un magistrat français à Monaco. Accusation révélée par des écoutes téléphoniques entre Nicolas Sarkozy alias Paul Bismuth et son avocat.
Alors, est-ce que cela va nuire au prestige de la fonction ? Ça m'étonnerait, car il y a des précédents. Ainsi, en 1887, le président de la République de l'époque, Jules Grévy, a dû démissionner à cause de l'affaire dite des décorations. Son gendre, un député, Daniel Wilson, qui vivait en famille à l'Élysée, y avait organisé un trafic de légion d'honneur. En échange de sommes considérables, de l'ordre de 100 000 francs, il faisait obtenir la précieuse croix à des notables, civils ou militaires, qui investissaient dans ses affaires.
Le scandale fut énorme et donna même lieu à une pièce de théâtre et à une chanson "ah, quel malheur d'avoir un gendre" ! Pour l'anecdote, sachez que le prédécesseur de Grévy, le maréchal Mac Mahon, avait été lui aussi contraint à la démission parce qu'il n'arrivait pas à former un gouvernement. Son successeur, Sadi Carnot, fut assassiné. Bref, la République en a vu d'autres.
Quant à Nicolas Sarkozy, ne vous inquiétez pas, il obtiendra sûrement des dérogations pour se rendre à son bureau d'ex-président, et même exceptionnellement pour voyager à l'étranger.
Quoique j'en connais qui aurait accepté de passer un an à la maison sans sortir, enfermé, avec Carla Bruni.