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Les 51 accusés au procès des viols de Mazan iront-ils tous en prison, comme l'a réclamé l'accusation ? Les juges suivront-ils au contraire les avocats de la défense, qui ont plaidé des dizaines d'acquittements ? A 09h30, la cour criminelle de Vaucluse va entamer la lecture d'un verdict très attendu.
"Noël en prison, Pâques en zonzon", "la justice fait mâle", "la honte a changé de camp. Et la justice ?": les collages du collectif féministe des Amazones d'Avignon, dans la nuit, résumaient la pression sur les cinq juges professionnels de la cour, présidée par Roger Arata.
"Le viol concerne des femmes du monde entier, c'est pour ça que le monde entier a les yeux sur ce qui va se passer", a expliqué une représentante de ce mouvement, alors que 180 médias, dont 86 étrangers, étaient présents sur place pour couvrir l'événement.
Partie délibérer à 10h30 lundi matin, après trois mois et demi d'audience, la cour criminelle de Vaucluse va annoncer le sort qu'elle a décidé de réserver à ces hommes âgés de 27 à 74 ans, venus agresser sexuellement Gisèle Pelicot, préalablement sédatée par son époux d'alors, Dominique, à leur domicile de Mazan (Vaucluse).
Les trois enfants du couple, David, Caroline et Florian, sont arrivés ensemble au tribunal vers 08h30, fendant une foule de spectateurs, militants et journalistes. Leur mère Gisèle est, elle, arrivée séparément et souriante un peu après 9h accompagnée de ses deux avocats.
Sous haute protection policière
Cette décision, dans un palais de justice d'Avignon sous haute protection policière, sera scrutée de près, en France comme à l'étranger, tant ce procès a provoqué une onde de choc, depuis son ouverture le 2 septembre, devenant emblématique des questions autour des violences sexistes et sexuelles, de la soumission chimique, du consentement et plus largement des rapports hommes-femmes.
Sauf surprise, le principal accusé, Dominique Pelicot, 72 ans, qui a reconnu avoir drogué pendant une décennie son épouse Gisèle aux anxiolytiques pour la violer et la livrer à des dizaines d'inconnus qu'il recrutait sur internet, devrait écoper de la peine maximale de 20 ans de prison réclamée par le ministère public.
Des "traumas" subis durant l'enfance
Mais son avocate, Béatrice Zavarro, espérait encore mercredi que la cour "s'éloigne un petit peu du quantum proposé par l'accusation" et prenne en compte "le parcours de vie pas choisi" de son client, et notamment ces "traumas" qu'il aurait subis durant son enfance, dont un viol à neuf ans.
La grande inconnue réside dans les peines dont écoperont ses coaccusés, la cour devant nécessairement individualiser ses sanctions, et dans l'acquittement dont pourraient ou non bénéficier certains.
Fin novembre, le ministère public avait réclamé de 10 à 18 ans de réclusion contre 49 d'entre eux, jugés pour viols aggravés, et quatre ans de prison contre le dernier, seulement poursuivi pour "attouchements" sur Gisèle Pelicot. Ces réquisitions sont plus sévères que la moyenne des condamnations pour viols en France, qui était de 11,1 ans en 2022, selon le ministère de la Justice.