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En l'espace de cinq ans, la cellule antiterrorisme a été diminuée de moitié en Belgique. Aujourd'hui, il ne reste plus que 89 personnes dont 70 enquêteurs.
Mardi matin, sur Bel RTL, Denis Ducarme, député MR, s'est plaint du manque d'effectifs des policiers chargés de l’anti-terrorisme à la suite de l'attentat de Bruxelles. Selon lui, en 2018, ils étaient 167 et moins de 100 aujourd'hui.
Selon nos chiffres, la DR3, c'est-à-dire la division anti-terrorisme de la Police Judiciaire, comptaient bien 167 personnes sont 143 enquêteurs en 2018. 5 ans plus tard, il ne reste plus que 89 personnes dont 70 enquêteurs. Cette cellule a été diminuée de moitié.
Pourquoi ? La majorité des autres enquêteurs a été redirigée, par exemple, vers les cellules de lutte contre les cartels de drogue. Il a été considéré que l'Etat islamique ne représentait plus un danger aussi important qu'en 2016. Les budgets spéciaux alloués à la DR3 ont été largement diminués voire ont disparu.
Il n'y a donc pas moins d'enquêteurs au sein de la Police Fédérale, mais il sont trimballés d'une section à une autre. Les syndicats plaident donc pour plus de moyens mais surtout plus d'enquêteurs et rapidement. Problème : un enquêteur dans la DR3 doit être formé entre 3 et 5 ans.
Outre le manque d'enquêteurs et de moyens, il manque aussi du matériel dernier cri pour travailler efficacement. "C'est ce que disent les gens qui travaillent au quotidien. Les ordinateurs sont un peu vieux. Ils datent de 2017. Cela n'a pas l'air si vieux que ça, mais quand on travaille dans un secteur pointu comme le contre-terrorisme, il faut des machines qui vont vite, et qui permettent de faire des tas de choses. Ils font ce qu'ils peuvent, et travaillent bien avec des moyens limités. C'est un peu le cas partout malheuresement", commente Dominique Demoulin, spécialiste judiciaire et terrorisme à RTL.
La lutte contre le terrorisme compte donc moins d'enquêteurs car beaucoup d'entre eux ont été déplacés vers d'autres cellules d'enquête. "Ils peuvent demain rebasculer vers l'anti-terrorisme. Je ne sais pas si c'est idéal. Pendant un temps, le terrorisme islamique était un peu en veilleuse. Il n'a jamais vraiment disparu, mais on n'avait plus des attentats comme ceux qu'on a connu en mars 2016", ajoute Dominique Demoulin.
Les syndicats de police dénoncent une absence de financement dans la lutte contre le terrorisme. "Il y avait des budgets complémentaires qui avaient été alloués en matière de lutte contre le terrorisme. Ces budgets ont été supprimés car ils étaient ponctuels et alloués par le gouvernement. Ils ont été révisés à la baisse et parfois supprimés. Le dossier SKY-ECC a été quelque chose d'important à Bruxelles. Il a fallu revoir les différentes forces. Mais on voit aujourd'hui que le domaine terroriste doit rester d'actualité, et pas de manière ponctuelle", estime Eddy Quaino de la CGSP Police.