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Ce matin sur bel RTL, Elio Di Rupo était l'invité de Martin Buxant pour évoquer son livre, "Le labyrinthe du pouvoir".
Dans cet ouvrage de 300 pages, il évoque pour la première fois l'affaire Trusgnach, des accusations de pédophilie publiées en novembre 1996 par la presse flamande qui auraient pu faire basculer le destin d'Elio Di Rupo. L'enquête s'est complètement dégonflée au bout de quelques semaines, laissant apparaître une machination orchestrée par les services de police.
Martin Buxant lui a demandé pourquoi il avait attendu si longtemps avant d'évoquer cette affaire publiquement.
"Tout ce qui est dans le livre est dans ma mémoire et je voulais à un moment donné transcrire, parce qu'aujourd'hui, on n'a quasiment plus de traces de ce que l'on fait d'une manière contemporaine. Cet événement-là, j'ai tout en mémoire de A à Z. J'ai retranscris en retrouvant les références ad hoc. Mais c'est une affaire d'État donc c'est fomenté par quelques policiers. On ne sait toujours pas si ce sont des policiers de la police judiciaire de l'époque, si ce sont des policiers de la gendarmerie à l'époque où la gendarmerie existait, et quelques membres aussi du milieu judiciaire, notamment la Procureure générale de la Cour de Cassation, mademoiselle Liekendael, qui m'ont poursuivi, convaincus qu'il y avait quelque chose", s'est-il souvenu à notre antenne.
Cette affaire avait, à l'époque, été relayée par certaines personnalités politiques, de même qu'une partie de la presse.
"Les politiques, c'était l'opposition qui, de manière presque automatique, s'oppose. Et à cet égard, je voudrais dire quelque chose : quand on doit traiter de questions aussi délicates dans une commission d'enquête par exemple, ou bien une commission spéciale comme ce fut le cas pour moi, je crois qu'on ne doit pas travailler majorité/opposition. À partir de ce moment-là, les parlementaires sont juges et il faut vraiment être au-dessus de la mêlée et être le plus objectif possible", a poursuivi Elio Di Rupo.
Il n'avait alors pas démissionné malgré les demandes du Premier ministre de l'époque, Jean-Luc Dehaene. Si cela avait été le cas, "seule la mort aurait pu me libérer de ce cauchemar, une mort qu'il m'aurait fallu hâter", écrit-il dans son livre. A-t-il, à ce moment-là, réellement pensé à la mort ?
"J'ai eu la chance de résister et de démontrer, il fallait démontrer, mon innocence. Imaginons un instant que je démissionne, bien entendu, il n'y a plus de poursuites, on ne fait plus rien et que tout le monde considère que vous êtes un pédophile. Bien entendu, ce n'est purement et simplement pas vivable. C'est la raison pour laquelle, pour moi, la présomption d'innocence prime sur tout. Et je crois, malgré le caractère immédiat de plein de choses aujourd'hui, je pense qu'il faut se donner le temps de la vérification d'un certain nombre de données", a encore déclaré l'homme politique.
Martin Buxant lui a également demandé s'il pensait que s'il n'avait pas été homosexuel, est-ce qu'on se serait acharné contre lui de la même manière.
"Non, a-t-il répondu. C'est souvent comme ça. Et notamment la procureure générale auprès de la Cour de cassation de l'époque qui confondait pédophilie et homosexualité. Ça se produit très souvent. Nous vivons dans un pays de grande liberté, parfois, nos concitoyens ne s'en rendent pas compte, mais nous devons chérir cette liberté", a enfin expliqué Elio Di Rupo.