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Économie, aides sociales, cannabis: l'alliance entre MR et Les Engagés sera-t-elle facile à mettre en place?

Le MR et Les Engagés s'allient pour former des gouvernements. Mais leurs programmes sont-ils compatibles? Voici l'anlayse de notre expert politique Martin Buxant. 

Caroline Fontenoy: Georges Louis Bouchez et Maxime Prévot avaient dit qu'ils iraient vite et ils le font. Qu'est ce qui les rapproche et qu'est ce qui les différencie dans leur programme? 

Martin Buxant: Si on est de bon compte, franchement, il y a quand même beaucoup plus d’éléments qui rapprochent ces deux partis que de points qui les divisent. Au chapitre socio économique, une réforme fiscale pour tous les travailleurs et pas que les revenus les plus faibles, pas de taxation des hauts patrimoines. Sur l’emploi, une volonté d’activer les chômeurs après deux ans d’allocation, ce sont des avis partagés. Le MR va cependant plus loin en voulant des TIG (travaux d'intérêt général) pour ceux qui refusent un job, c’est pas le cas des Engagés. Les deux formations politiques veulent travailler à combler le déficit public ; sur tous ces points-là, ça devrait rouler. Sur l’Enseignement, en revanche, le MR veut supprimer le Pacte d’Excellence, pas Les Engagés, c’est une grosse différence, c’est un sujet à creuser.

Il serait donc simple d'accorder les violons? 

Il y a un point qui potentiellement va faire travailler les négociateurs, c’est le chapitre police/justice. Le MR a répété durant toute sa campagne électorale que le pays disposait déjà de suffisamment de policiers et que c’était du côté de la justice que des peines plus sévères devaient être prononcées. Ce n’est pas l’avis des Engagés qui estiment qu’il faut plus de policiers, des milliers de policiers supplémentaires. Ça, ça coute cher et, pour rappel, le MR a promis d’économiser… Autre point: la légalisation du cannabis, le MR est contre et Les Engagés sont pour. Mais on ne va pas faire sauter un mariage pour un joint, d’autant que les partis flamands ne veulent pas non plus de cette légalisation.

MR et Les Engagés seront en binôme pour les discussions à Bruxelles et au fédéral: lient-ils clairement leurs destins ensemble?

Oui et ils ont tous les deux intérêt à aller vite pour présenter des mesures qui serviront leur campagne électorale pour les communales d’octobre prochain: il faut battre le fer tant qu’il est chaud en quelque sorte. Le bémol: le sac de nœuds de Bruxelles, MR et Engagés ne sont pas autosuffisants et ont besoin non seulement du Parti socialiste mais aussi potentiellement des écologistes flamands – autant dire deux partis qui vont vendre très chèrement leur vie politique. Bruxelles est ingouvernable quand le reste du pays avancera partout au rythme du centre droit, c’est une vraie possibilité.

En résumé

Une alliance MR-Engagés incontournable et pour cause beaucoup de points les rassemblent: la fiscalité et les valeurs de travail sont effectivement deux fers de lance des partis. Ils proposent une réforme fiscale pour encourager les travailleurs. Moins d'impôts sur le revenu pour plus de net en poche.

Autre point de convergence: la bonne gouvernance et la simplification administrative. En finir avec le millefeuille institutionnel pour plus d'efficacité et moins de gaspillage budgétaire, donc.

MR et Engagés sont alignés également sur la question du chômage. Ils sont d'accord pour limiter les allocations à deux ans maximum, mais pour les Engagés, la formation des chômeurs est la clé pour les remettre ensuite au travail.

Autre gros dossier, l'éducation. Pour les réformateurs, fini le Pacte d'excellence. Une divergence avec les Engagés qui veulent cesser les réformes à tout-va du secteur.

Enfin, revaloriser le secteur de la santé, promesse électorale phare des Engagés, le MR n'en fait pas une priorité. 

 

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