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La Chambre a adopté jeudi en séance plénière le projet de loi sur l'indemnisation des victimes d'attentats. Ce texte voit enfin le bout du tunnel après huit ans de travaux. Lors du débat en plénière, il y a deux semaines, le ministre de l'Économie Pierre-Yves Dermagne (PS) avait d'ailleurs présenté ses excuses au nom du gouvernement belge pour ce retard.
"C'est un soulagement, mais aussi une déception. Un soulagement parce qu'aujourd'hui, si un attentat survient dans un lieu qui n'est pas couvert par les assurances, les victimes seront indemnisées. Mais c'est aussi une déception car ça intervient plus de 8 ans après les attentats du 22 mars 2016, ce qui a laissé sur le carreau le conducteur du taxi de l'attentat d'octobre 2023", réagit Jamila Adda, la présidente de l'association Life 4 Brussels qui aide et accompagne les victimes d'attentats.
Le dispositif qui a vu le jour sous l'égide du ministre Pierre-Yves Dermagne et de la secrétaire d'État Alexia Bertrand (MR), ne s'inscrit que partiellement dans les recommandations de la commission d'enquête sur les attentats de 2017. Un fonds public d'indemnisation ne verra pas le jour. Trop complexe, a jugé le gouvernement, il restera entre les mains des assurances, mais un guichet unique sera mis sur pied. "Les procédures sont beaucoup trop nombreuses et compliquées. On ne peut pas se lancer dans une procédure d'indemnisation, dans l'aide et le soutien aux victimes, si on n'est pas avocat. Tout est vraiment compliqué, et une victime seule ne peut pas s'en sortir", déplore Jamila Adda.
Le parcours parlementaire a été long, les victimes ont été entendues, et ont confié leurs difficultés parfois très lourdes, des années après les attaques qui les ont meurtries. Certains députés n'avaient pas caché leur mécontentement, permettant des améliorations: le guichet unique mais aussi l'intégration des non-résidents en Belgique dans la couverture et, jeudi dernier par voie d'amendement, des victimes de syndrome post-traumatique, c'est-à-dire les gens dont le traumatisme se révèle hors des délais légaux.
"Le combat est censé continuer, mais on ne nous donne pas les moyens financiers pour continuer. Le ministre de la Justice ne nous a jamais subventionnés et la Fédération Wallonie-Bruxelles ne continue pas à nous subventionner comme elle le faisait avant. On aimerait continuer à aider les victimes, le combat est encore très long, mais on n’a pas les moyens. L'année dernière, on a reçu 100.000 euros de la part de la FWB, mais cette année, on a reçu 50.000 euros. On ne peut plus rémunérer notre avocate qui tient des permanences gratuites pour les victimes et on ne peut plus avoir un petit bureau pour les recevoir. Je n'en dors plus la nuit. Il y a 650 victimes dans l’association, et on ne sait pas comment on va faire pour continuer à les aider", témoigne la présidente de l'association dont l'avenir s'annonce incertain.