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"Les plus fragiles vont payer la facture", "important pour financer les pensions de demain": syndicats et patrons divisés sur l'accord gouvernemental

Si les syndicats ont décidé de se mobiliser en front commun, c'est pour dire non à certaines mesures du nouveau gouvernement fédéral. Plusieurs décisions de l'accord de gouvernement divisent aujourd'hui patrons et travailleurs.

D'un côté, les syndicats des employés. De l'autre, les fédérations des entreprises. Les deux ont un avis très différent sur l'accord de gouvernement.

Premier point qui fait débat, la flexibilité accrue du travail. C'est l'un des souhaits du gouvernement. Exemple, le travail de nuit qui démarre à minuit au lieu de 20 heures ou encore l'annualisation du temps de travail. Soit la possibilité de moduler son temps de travail tout au long de l'année en fonction des besoins avec des semaines de travail plus longues et d'autres plus courtes.

Des mesures vivement critiquées par les syndicats. "Il y a déjà des possibilités de faire varier le temps de travail en le négociant dans les entreprises. Ici, en généralisant l'annualisation du temps de travail, c'est plus de négociation. C'est une flexibilité essentiellement à la demande de l'employeur", déplore Olivier Valentin, secrétaire national de la CGSLB. "C'est moins bien gagner sa vie quand on doit travailler de nuit. Or, on sait que le travail de nuit a un impact sur la santé", surenchérit Marie-Hélène Ska, secrétaire nationale de la CSC.

A l'inverse, pour les entreprises, c'est plutôt une bonne nouvelle, comme nous l'explique Thierry Geerts, CEO de la chambre de commerce de Bruxelles : "Nous avons exporté 10.000 emplois de logistique vers les pays voisins uniquement parce que la nuit commence plus tard chez nos pays voisins qu'en Belgique. Or, je pense que les gens aimeraient bien que ces emplois reviennent en Belgique".

Fin de carrière

Deuxième pilier de l'accord qui crispe les syndicats, la révision des régimes de fin de carrière. Par exemple, la suppression des régimes spéciaux ou encore l'instauration de conditions plus strictes pour accéder à la retraite anticipée. "Nous devons aussi faire en sorte que les femmes qui ont souvent eu des carrières à temps partiel ne soient pas une nouvelle fois pénalisées. Aujourd'hui, le gouvernement, en demandant qu'il y ait 156 jours de travail par année prestés, rendra l'accès, y compris à la pension minimum, encore plus difficile pour de nombreuses femmes", assure Marie-Hélène Ska.

Mais pour les entreprises, ces mesures sont essentielles. "Encore en Belgique, il y a un taux de participation au marché du travail qui est particulièrement bas chez les travailleurs en fin de carrière. On avait là-dessus un défi important à relever. C'est important pourquoi ? Pour pouvoir financer nos pensions demain. Là-dessus, il y a un ensemble de mesures qui visent à augmenter la participation au marché du travail des travailleurs de plus de 55 ans. C'est positif", justifie Frédéric Panier, patron de l'organisation "Akt for Wallonia".

Fiscalité

Troisième point, la fiscalité. Et plus précisément, une taxe de 10% sur les plus-values d'actifs financiers. Pour les uns, cette proposition ne va pas assez loin. Pour les autres, elle est déjà bien suffisante. "Vous savez, on a besoin de capital pour faire fonctionner les entreprises. Et donc, ce n'est pas une bonne nouvelle. Mais on est conscient du fait qu'il faut faire des compromis. Et donc, c'est l'une des choses qu'on doit accepter pour que ce soit un compromis équitable", reconnaît Thierry Geerts, CEO de la chambre de commerce de Bruxelles.

Pour Olivier Valentin, secrétaire national de la CGSLB, "il n'y a pas suffisamment d'efforts qui sont demandés aux épaules les plus larges. Ce sont majoritairement les personnes dans les situations les plus fragiles qui vont payer la facture".

La limitation des allocations de chômage à 2 ans est aussi une autre source d'inquiétude. Mais les modalités de toutes ces mesures doivent encore être détaillées et votées. Les syndicats et les fédérations d'entreprise insistent donc sur la nécessité d'un dialogue social avant leur mise en œuvre.

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